En pratique
E. Soins pharmaceutiques
L’éducation du patient est importante car elle permet d’impliquer activement le patient dans la gestion de son traitement et l’amélioration de sa qualité de vie. Ce rôle d’« éducateur » est évidemment rempli par les différents prestataires de soins que le patient va rencontrer après le diagnostic : pneumologue, médecin traitant, kinésithérapeute, ...
La mise en place et le suivi des traitements médicamenteux et non médicamenteux exigent une prise en charge multidisciplinaire. De tels programmes de revalidation multidisciplinaires existent en Belgique, mais ne sont souvent soit pas disponibles dans tous les hôpitaux, soit pas accessibles à tous les patients. C’est la raison pour laquelle le pharmacien joue également un rôle important dans l’accompagnement des patients atteints d’asthme ou de BPCO. Sa tâche principale consiste, en premier lieu, à informer le patient quant au
bon usage de tous les médicaments qu’il doit prendre, y compris les médicaments OTC qui, dans certains cas, sont contre-indiqués (par exemple, pas d’aspirine et d’AINS en automédication chez les patients asthmatiques, sauf si un usage antérieur ou un test de provocation oral n’ont pas démontré d’hypersensibilité à ces substances).
Une étude observationnelle européenne à grande
échelle a montré que seule la moitié des patients
asthmatiques était (quasiment) asymptomatique
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. Le problème réside souvent dans la mauvaise observance du traitement d’entretien et dans une mauvaise technique d’inhalation, deux points névralgiques qui peuvent être pris en charge en pharmacie. Chez les patients atteints de BPCO, la technique d’inhalation et l’observance thérapeutique constituent également un problème. Une
étude observationnelle réalisée dans 93 officines belges a en effet démontré que 48 % des patients souffrant de
BPCO ne sont pas compliants et que 21 % n’inhalent pas
correctement leurs médicaments
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.
Outre le suivi de l’observance thérapeutique et de la technique d’inhalation, la satisfaction quant au traitement et la détection des effets indésirables potentiels méritent une attention supplémentaire chez ces patients. Au cours d’un entretien avec le patient, le pharmacien peut être confronté à des plaintes ou à une prise excessive du traitement de crise, deux éléments indicatifs d’une technique d’inhalation incorrecte ou d’une mauvaise observance thérapeutique. Le pharmacien, en questionnant activement ce groupe de patients, peut jouer un rôle important dans la détection de tels signaux d’alarme. L’utilisation du Test de Contrôle de l’Asthme
(ACT) en 5 questions peut l’y aider. En 2006, l’Université de Gand, en collaboration avec l’Hôpital Universitaire de Gand, a mené une étude contrôlée randomisée sur l’impact d’une intervention du pharmacien visant
à optimaliser l’usage des médicaments de l’asthme
(l’accent était mis surtout sur la technique d’inhalation et l’observance thérapeutique). La principale conclusion de cette étude était que l’intervention du pharmacien conduisait à une amélioration tant de la technique d’inhalation que de l’observance thérapeutique, pierres angulaires du succès du traitement de l’asthme. En outre, un meilleur contrôle de l’asthme a été observé chez les patients insuffisamment contrôlés et – pour l’ensemble de la population étudiée – une diminution du recours au traitement de crise et du nombre de réveils nocturnes à cause de l’asthme. La prise en charge utilisée dans cette
étude a été retravaillée en un protocole pratique pour l’accompagnement des patients asthmatiques en officine
(voir annexe H.12.) .
Enfin, le pharmacien peut, dans les limites de ses compétences, participer également à l’éducation du
patient en l’informant sur sa maladie, son traitement, y compris l’importance des mesures hygiéno-diététiques, ou simplement en répondant à ses questions. Par ailleurs, par sa connaissance des symptômes et son accessibilité, le pharmacien est en mesure de renvoyer chez le médecin les patients non-diagnostiqués chez qui il soupçonne un asthme ou une BPCO (par exemple en cas d’usage fréquent d’antitussifs).
Bonnes Pratiques en Officine - février 2012
En pratique
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