5.3 - Comment interpréter une évaluation de l’exactitude ?. IFREMER des habitats marins
280 5 - Jusqu’à quel point une carte est-elle bonne ?
Même si cela semble un avantage décisif des techniques de mesure non supervisée sur les techniques de mesure supervisée, on peut remettre en question l’hypothèse selon laquelle les groupes définis par le processus automatique sont clairement en relation avec les biotes.
5.3 - Comment interpréter une évaluation de l’exactitude ?
Étant donné la complexité du domaine de la mesure de l’exactitude, il ne suffit
évidemment pas de dire qu’exactitude égale utilité. L’exemple ci-dessous montre deux versions d’une même carte : l’interprétation des données a produit une douzaine de
classes d’habitat. Certaines d’entre elles sont de la catégorie des récifs (affleurements de rochers et de blocs), et les autres sont des habitats sédimentaires. Si l’on regroupe les diverses classes en ces deux catégories, l’exactitude augmente considérablement. Cela peut sembler évident. La première carte est moins exacte parce que, à titre d’exemple, il est plus difficile de faire la distinction entre une forêt et une prairie de Laminaires qu’entre un habitat rocheux et un habitat sédimentaire. Il est très possible que des gestionnaires veuillent simplement savoir où il y a des récifs. Par contre, la carte de gauche est beaucoup plus riche d’information sur la répartition des habitats récifaux, et un certain degré de confusion peut être acceptable, en particulier entre des habitats semblables.
Une carte qui contient moins de classes peut être plus exacte, mais probablement moins utile pour l’utilisateur.
La carte de droite est plus exacte, mais est-elle plus utile ? Dans l’interprétation et l’analyse d’un jeu de données, il faut généralement faire un compromis entre exactitude et contenu en information. À un extrême, l’interprétation peut viser à montrer des variations subtiles qui ne sont tout simplement pas appuyées par les données. À l’autre extrême, les
habitats sont si généraux que l’information est presque toujours inutile. Au lieu de mesurer l’exactitude d’une carte, on peut évaluer la fiabilité de la carte pour une finalité particulière.
La section 5.4 « Jusqu’à quel point peut-on avoir confiance en une carte ? » aborde l’évaluation de la fiabilité d’une carte ; elle est suivie de la section 5.5 qui présente « la méthode M
ESH
d’évaluation de la fiabilité d’une carte ».
5.4 - Jusqu’à quel point peut-on avoir confiance en une carte ?
Appliquée à une carte résultant d’un seul levé, la mesure de l’exactitude permet aux parties prenantes d’indiquer quelle est la valeur prédictive de la carte. Il devrait toutefois
5 - Jusqu’à quel point une carte est-elle bonne ? 281 ressortir clairement de la discussion qui précède à propos de l’exactitude que l’interprétation des mesures d’exactitude pose des difficultés. Ces difficultés se multiplient lorsqu’une carte d’habitats est produite à partir de données de nombreuses sources différentes. On pourrait arriver à évaluer l’exactitude des cartes servant d’intrants, mais les cartes publiées sont rarement accompagnées de mesures de leur exactitude et n’ont peut-être même pas fait l’objet de telles mesures. Il est possible d’évaluer l’exactitude de la carte finale à échelle globale en mesurant sa valeur prédictive par rapport à un jeu de données d’essai. Les résultats risquent toutefois de ne pas être particulièrement significatifs ni faciles à interpréter.
Une évaluation de la fiabilité constitue une autre manière de juger de l’utilité d’une carte.
C’est une évaluation de nature plus subjective qui repose sur un certain nombre de critères différents. Elle peut être faite par un utilisateur, par un simple examen de la carte
d’habitats, ainsi que des rapports et des cartes auxiliaires qui l’accompagnent, au regard de critères représentatifs d’une norme de cartographie. Ces critères peuvent se présenter sous forme d’une liste de vérification ou de questions. La carte publiée contient-elle des renseignements sur les sources de la carte et de ses données ? S’il y a un rapport, celuici indique-t-il clairement comment la carte a été produite ?
La carte contient-elle des renseignements de base tels que :
* Echelle
* Système de coordonnées
* Grille
* Date de compilation
* Auteurs
* Plan de niveau
* Légende
Les données d’origine sontelles illustrées ?
Le processus d’analyse et d’interprétation est-il clair ?
Les étapes cruciales de l’interprétation sont-elles indiquées ?
Y a-t-il une forme de mesure d’exactitude ou d’incertitude ?
S’il y a un rapport, celui-ci indique-t-il clairement comment la carte a été produite ? Par exemple, le rapport contient-il une certaine mesure de l’exactitude (image de droite) ?
282 5 - Jusqu’à quel point une carte est-elle bonne ?
Les cartes interprétées montrent souvent une partie des données d’origine. À titre d’exemple, les cartes de sédiments benthiques de la Commission géologique britannique ont en cartouche des cartes qui montrent l’emplacement des prélèvements à la benne, des carottages, ainsi que les cheminements des levés. La densité et la répartition des données de terrain donnent une très bonne indication de l’incertitude probable liée à l’interprétation. Les cartes à couverture totale des données de télédétection devraient
également être montrées. Souvent, la préparation de ces cartes fait intervenir une certaine forme de traitement des données. Par exemple, les données ponctuelles des
SACLAF font généralement l’objet d’interpolations pour produire une couverture pseudototale. C’est une bonne pratique de fournir une carte des données originales montrant la valeur des données ponctuelles. L’interpolation peut introduire dans les données des artefacts qui sont souvent manifestes lorsque l’on compare les données ponctuelles aux résultats de l’interpolation.
Il est également utile de représenter le processus de production de la carte sous forme d’un organigramme montrant les étapes cruciales du traitement des données et de la modélisation. Cela amène l’utilisateur à examiner attentivement ces étapes pour voir où des erreurs auraient pu se glisser dans le processus. Ces cartes et organigrammes auxiliaires font souvent partie des rapports des levés originaux et ne sont pas nécessairement accessibles aux utilisateurs. Si le rendu cartographique sert à prendre des décisions qui dépendent fortement des détails d’une carte d’habitats, les utilisateurs doivent tenter d’examiner la totalité du rapport, et non seulement la carte interprétée finale.
5.4.1 - Y a-t-il une manière structurée d’évaluer la fiabilité d’une carte ?
En partant d’une simple liste de vérification et d’une inspection des cartes auxiliaires disponibles, on peut élaborer une méthode structurée d’évaluation faisant appel à plusieurs critères. La synthèse de ces critères en une évaluation globale requiert un jugement sur la pondération et la combinaison des notes obtenues pour les différents critères. La pondération peut servir à modifier l’évaluation lorsque la finalité pour laquelle la carte est évaluée change. Par exemple, l’information sur la répartition des biocénoses est importante pour la gestion de la conservation, mais non pour la sécurité de la navigation.
Par rapport à une évaluation éclairée mais non structurée, un processus systématique présente l’avantage de la transparence ; il permet de comparer les évaluations de plusieurs cartes et d’utiliser celle qui est jugée la meilleure. D’autre part, avec la publication des critères, les auteurs de cartes d’habitats sont en mesure de veiller à ce que les données pertinentes soient incluses en vue de l’évaluation de la fiabilité de leurs
cartes.
Une méthode multicritère utilisée dans le cadre du projet M
ESH
est décrite en détail ci-dessous. Cette méthode a été élaborée pour faciliter la détermination de la fiabilité des
cartes d’habitats affichées dans le SIG webGIS de M
ESH
. Ce SIG contient des cartes anciennes aussi bien que récentes. Les partenaires du projet M
ESH
ont examiné et regroupé les divers facteurs qui affectent la fiabilité d’une carte et ont mis au point une méthode d’évaluation. Le processus d’évaluation vise à répondre à trois questions principales :
1. Quelle est la qualité de la télédétection ?
2. Quelle est la qualité de la campagne de terrain ?
3. Quelle est la qualité de l’interprétation des données ?
Le choix de ces questions est dû au fait que le projet M
ESH
préconise la création de
cartes d’habitats par l’interprétation de données de télédétection et de données de terrain.
La prochaine section présente les critères de réponse à ces questions.

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