1.2 - Pourquoi a-t-on besoin de cartes d'habitats ?. IFREMER des habitats marins
1 - Qu'est-ce que la cartographie des habitats ? 19
1.2 - Pourquoi a-t-on besoin de cartes d'habitats ?
La visualisation de la répartition spatiale, de la qualité et de la quantité des ressources benthiques est essentielle à notre compréhension des écosystèmes marins et à notre capacité de gérer l'activité humaine afin de réaliser un développement qui soit effectivement durable et de maintenir le fonctionnement des écosystèmes marins. Les
cartes ont de nombreuses applications dans les domaines de la gestion, de la planification, des politiques et de la recherche, et constituent une partie intégrante et importante des systèmes d'information de gestion. Des cartes d'habitats sont nécessaires pour, entre autres :
– soutenir une utilisation durable des ressources benthiques ;
– aider à mettre en œuvre une approche écosystémique de la gestion de l'environnement marin ;
– aider à la protection des habitats rares, sensibles et menacés ;
– améliorer les bilans de l'état de l'environnement, en particulier en inscrivant les résultats des stations de surveillance dans un contexte géographique plus vaste ;
– aider à cibler les efforts de surveillance ;
– soutenir la sélection et la délimitation optimale des aires marines protégées (AMP) ;
– améliorer notre compréhension du fonctionnement des écosystèmes marins – notamment de leurs liens avec l'hydrographie, la colonne d'eau, les populations de poissons et le climat ;
– faire de la recherche scientifique ;
– évaluer l'importance, la rareté et l'étendue des habitats aux échelons local, régional, national et international.
En outre, les objectifs et la mise en œuvre de politiques internationales exigent de plus en plus une information cartographique sur les habitats. Mentionnons entre autres :
– la directive 92/43/CEE concernant les habitats naturels (1992) ;
– la déclaration ministérielle de 1996 concernant la mer du Nord ;
– la directive-cadre 2000/60/CE dans le domaine de l’eau (2000) ;
– la directive 2001/42/CE relative à l'évaluation des incidences de certains plans et programmes sur l'environnement (2001) ;
– le Livre vert de 2006 pour une politique maritime de l’Union européenne ;
– la proposition de directive Stratégie marine de la Commission européenne (2007-
2008).
Le terme habitat est souvent employé dans ces énoncés de politiques et plus généralement dans les milieux scientifiques, politiques et de la gestion environnementale.
Il a par conséquent plusieurs définitions qui peuvent être source de confusion lorsque des
« cartes d'habitats » réalisées pour répondre à certains objectifs sont transmises à des utilisateurs d'horizons différents.
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1.2.1 - Besoins généraux en matière de cartes d'habitats
Les cartes ont de nombreuses applications dans les domaines de la gestion, de la planification, des politiques et de la recherche, et constituent une partie intégrante et importante des systèmes d'information de gestion. Voici quelques-uns des domaines où l'on a besoin de cartes d'habitats.
¾ Protection de l'environnement marin – Elle est généralement favorisée par l'information provenant de cartes écologiques, qui permettent aux utilisateurs et aux gestionnaires de mieux comprendre la nature et la répartition des habitats benthiques.
Ces cartes sont d'autant plus importantes que les vastes zones marines à gérer et à protéger sont en grande partie hors de portée de la vue.
¾ Conseils à l'industrie en matière de planification stratégique – La disponibilité de
cartes d'habitats permet de donner des conseils à l'industrie en tenant compte de la répartition et de l'étendue de certains habitats. En particulier, on doit pouvoir évaluer si des installations industrielles précises risquent d'avoir des impacts disproportionnés sur certains types d'habitat et donner des conseils en conséquence.
¾ Planification de l'espace marin – Grâce à la disponibilité de cartes d'habitats marins, les nouveaux efforts de planification de l'espace marin pourraient bénéficier d'une meilleure information et adopter une approche de gestion fondée sur les écosystèmes.
L'utilisation de cartes d'habitats à échelle globale convient à une telle planification à l'échelon régional, alors que des cartes à échelle fine procurent des avantages semblables à l'échelon local.
¾ Aires marines protégées (AMP) – Les AMP jouent un rôle important dans une approche globale équilibrée de la gestion de l'environnement marin, tant pour la préservation d’entités précises que pour offrir de manière générale un refuge pour la biodiversité. Ainsi, les AMP peuvent fournir des zones de référence pour l'évaluation du reste de l'environnement marin (p. ex. les évaluations imposées par la directivecadre 2000/60/CE dans le domaine de l’eau). Dans ce dernier cas, il est important d'identifier des AMP représentatives de l'ensemble des caractères écologiques d'une région, et la disponibilité de cartes facilite la sélection et la délimitation optimale de tels
AMP ; cela contribuera à satisfaire aux obligations dictées par la Convention OSPAR, qui impose l'identification d'un réseau d'AMP d'ici 2010.
¾ Programmes de suivi et de surveillance – Pour bien évaluer l'état de l'environnement marin, il faut mettre sur pied des programmes d'échantillonnage qui couvrent toute la gamme des caractéristiques écologiques avec une bonne répartition géographique des
stations d’échantillonnage. La disponibilité d'un ensemble de cartes d'écologie devrait permettre de répartir les stations d’échantillonnage d'une manière plus pertinente sur le plan
écologique pour les programmes nationaux de surveillance.
¾ Directives européennes – La mise en œuvre de la directive 92/43/CEE concernant les habitats naturels, de la directive-cadre 2000/60/CE dans le domaine de l’eau et de la proposition de directive Stratégie marine devrait être fondée sur des bases plus solides grâce à la disponibilité de cartes d'habitats marins. On s'attend à ce que cette dernière directive exige une caractérisation de l'environnement marin, y compris une description des principaux types d'habitat et de ses caractéristiques physiques et hydromorphologiques.
1.2.2 - Principaux énoncés de politiques
Voici les exigences spécifiques résultant d'importantes politiques internationales en matière d'information cartographique sur les habitats :
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– directive 92/43 de la CE concernant les habitats naturels. De nombreux pays européens doivent identifier des aires spéciales de conservation en mer, d'où le besoin de nouveaux levés cartographiques pour aider à l'identification de sites appropriés ;
– directive 92/43 de la CE concernant les habitats naturels. Les États membres doivent rendre compte à la CE de l'état des entités énumérées dans la directive
(évaluation d’un état de conservation favorable). Dans le cas des habitats marins, l'évaluation doit reposer sur les données disponibles à propos de la répartition et de l'étendue des habitats marins énumérés à l'Annexe I ;
– convention OSPAR. Les parties à la convention doivent identifier des sites en vue de l'objectif d'OSPAR de disposer d'un réseau écologiquement cohérent d'AMP bien gérés d'ici 2010. Il faudra donc beaucoup d'information sur la répartition des habitats, afin de pouvoir sélectionner et délimiter un ensemble représentatif d'AMP ;
– évaluations du JAMP
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dans le cadre de la Convention OSPAR. Ce programme commande une évaluation des espèces et des habitats retenus, d'ici 2009 puis périodiquement par la suite. Des données sur la répartition et l'étendue de chacun des
habitats retenus devront être fournies dans le cadre de ce programme ;
– proposition de directive Stratégie marine de la CE. Cette directive est actuellement en phase finale de rédaction. On s'attend à ce qu'elle exige d'ici 2011 environ une
évaluation initiale de l'état de l'environnement marin. Il faudra notamment fournir de l'information sur la gamme d'habitats présents dans chaque État membre, ainsi que des détails supplémentaires et des cartes pour les habitats importants du point de vue de la conservation.
1.2.3 - Autres utilisations des cartes d'habitats
Les cartes d'habitats sont largement utilisées au-delà du seul respect des obligations juridiques nationales ou internationales. Voici quelques exemples d'autres utilisations des
cartes d'habitats.
1.2.3.1 - Levés de base
On appelle levé de base un levé qui vise à décrire la gamme des habitats présents dans une région, normalement en vue d'établir une norme qui pourra servir de base de comparaison pour des levés futurs. Les levés de base peuvent soutenir :
– l'établissement d'un inventaire et l'évaluation des proportions de différents habitats :
Les levés fondés sur des cartes contribuent à dresser un inventaire équilibré des principaux habitats (c’est-à-dire les plus représentatifs) d'une région. De plus, une comparaison de l'étendue géographique des différents habitats est valable en soi comme moyen d'évaluation de l'importance relative de chaque habitat quant à son
étendue. Les statistiques sur l'étendue des habitats peuvent servir à quantifier le caractère commun ou rare d'un habitat à l'échelon régional, national et international ;
– les mesures de conservation dans de grandes étendues maritimes : Des levés rapides et à faible résolution permettent de couvrir de vastes territoires, et donc de décrire et de délimiter des zones dont les habitats benthiques sont importants du point de vue de la conservation ou qui doivent faire l'objet d'une gestion particulière. Cela est particulièrement utile en milieu marin, où des activités dans une zone peuvent avoir des effets majeurs sur des sites voisins. Une information à l'échelle globale est nécessaire afin de définir et de justifier des zones pour diverses activités non seulement dans les sites ayant une importance particulière du point de vue de la conservation, mais aussi dans les régions plus vastes auxquelles ils appartiennent ;
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Joint Assessment and Monitoring Programme
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– la description écologique de régions : Les cartes d'habitats à échelle globale montrent les schémas généraux de répartition des habitats et de leurs biocénoses dans une région. Cette information est essentielle afin d’avoir la vue d'ensemble nécessaire pour expliquer l'importance de structures inhabituelles, les variations de caractéristiques précises de certains habitats (p. ex. des espèces rares) ou la concentration d’entités dignes d'intérêt dans certaines parties de la région étudiée. Même si une carte est essentiellement un « instantané », elle peut aider à comprendre des processus dynamiques et leurs implications sur le plan spatial. L'homogénéité ou l’hétérogénéité des habitats et les liens entre eux sont des éléments écologiques importants que l'on peut évaluer à partir de cartes d'habitats.
1.2.3.2 - Ingrédients d'un système intégré de gestion de données
Il est difficile de comprendre ou d'expliquer une structure géographique lorsque l'on ne dispose d'aucun canevas de référence pour situer les données de terrain. Les cartes d'habitats offrent un contexte précieux, car elles procurent une vue unifiée des structures physiques et biologiques. Les cartes d'habitats sont souvent utilisées dans les systèmes de gestion de données comme :
– cartes de base pour la représentation d'autres données sur les habitats. Les cartes permettent de situer dans leur contexte les données détaillées disponibles sur les
habitats, dont plusieurs sont des données ponctuelles acquises sur le terrain. On apprécie davantage à sa juste valeur l'importance de ces données si l’on peut faire une estimation de leur étendue spatiale probable à partir de cartes d'habitats à échelle
globale. On arrive à mieux évaluer et quantifier les conséquences des études portant sur un type d'habitat ou sur une espèce si l'étendue et la répartition des habitats est connue ;
– contexte pour les modèles d'utilisation de la mer et des fonds marins: La position des
habitats par rapport aux structures de propriété et d'utilisation des sols a des conséquences en matière de gestion. Dans ce contexte, les cartes constituent un bon moyen de résumer les interactions entre divers types d'information ;
– cartes de base pour des interrogations sur d'autres données. L'un des outils les plus polyvalents de recherche et d'utilisation des données résultant de différents levés est probablement l'interrogation géographique. Si des données sont géoréférencées (c.-àd., associées à un lieu géographique), on peut faire des interrogations sur ces données
à partir de leur position. Les cartes, en particulier dans un SIG (système d’information
géographique) relié à des bases de données ou à des tableurs sous forme
électronique, constituent une interface naturelle d'interrogation géographique et de présentation des résultats. Cela est particulièrement utile dans le domaine subtidal, où différents ensembles de données peuvent servir à l'interprétation d'une image acoustique.
1.2.3.3 - Formulation d'hypothèses et planification de levés
Bien que l'on considère normalement une carte comme un moyen de présentation de résultats, on peut aussi l'utiliser comme base de planification de recherches à venir. En voici des exemples :
– élaboration d'hypothèses pour des recherches scientifiques : Les cartes fondées sur des données de télédétection prédisent
la répartition des habitats ou des biocénoses.
Ces prédictions doivent être fondées sur des « règles » (ou hypothèses) que l'on peut tester et modifier. Utilisées comme outils de prédiction, les cartes aident à mieux connaître les processus qui régissent la composition et expliquent la répartition géographique des habitats benthiques ;

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