4.1 - Choix d’une stratégie de traitement cartographique. IFREMER des habitats marins
192 4 - Comment réalise-t-on une carte ?
Les sections qui suivent abordent les stratégies possibles de cartographie, puis présentent les diverses techniques que l’on peut employer au cours des étapes
énumérées ci-dessus.
4.1 - Choix d’une stratégie de traitement cartographique
Il y a de nombreuses approches de la cartographie des habitats, mais une manière commode de les illustrer consiste à les représenter le long d’un spectre d’échelles plus ou moins globales ou fines. Ce spectre est présent dans plusieurs chapitres de ce Guide
M
ESH
et devrait maintenant être familier au lecteur. La comparaison entre échelle globale et échelle fine illustre bien les contrastes entre différentes approches. Les distinctions sont plus subtiles dans le cas d’une échelle intermédiaire.
Illustration des types de carte dans le spectre des échelles plus ou moins globales ou fines
La cartographie des habitats benthiques fait nécessairement intervenir une forme ou une autre de modélisation. Dans ce contexte, on peut considérer comme un modèle toute représentation du fond de la mer à partir d’une étude systématique et d’une analyse des manifestations de la répartition des habitats. Il s’agit d’une définition intentionnellement vague, qui englobe aussi bien l’interprétation « à l’œil » par des experts que des modèles
à base de règles ou des modèles statistiques résultant d’une analyse approfondie des données.
Les techniques décrites sous une rubrique sont toutefois applicables à d’autres situations.
Par exemple, on peut adopter l’approche générale d’un modèle « à échelle globale » pour cartographier de petits territoires ou utiliser l’approche détaillée d’un modèle « à échelle
fine » pour de très grands territoires (p. ex. les levés benthiques nationaux d’Irlande –
INFOMAR – et de Norvège ).
Cartographie des habitats à échelle globale pour de très grands territoires (p. ex. mers entières ou eaux nationales)
Le plus souvent, cette approche fait appel à des couches cartographiques des principaux paramètres physiques, que l’on combine pour obtenir une prédiction de la répartition d’une vaste gamme de types d’habitat définis (p. ex. les niveaux 3 et 4 de la typologie
E
UNIS
). Les données utilisées proviennent de sources multiples (voir le chapitre 1
« Qu'est-ce que la cartographie des habitats ? », et les SIG conviennent très bien à ce genre de modélisation. Étant donné le degré d’erreur et d’incertitude des couches de données en entrée, les cartes obtenues sont nécessairement plutôt sommaires et générales.
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Schéma de l’approche de la cartographie à échelle globale
La modélisation se fonde sur l’application de règles générales qui reposent sur une
connaissance de relations de cause à effet valables dans une vaste région géographique.
Le territoire est subdivisé en catégories d’habitat, en fonction de combinaisons d’un nombre limité de zones pour chacune des principales variables structurantes du milieu
(p. ex. profondeur, substrat et énergie hydrodynamique). L’opinion d’experts peut être requise pour reclassifier les paramètres physiques en un petit nombre de catégories biologiquement pertinentes, sans recourir à des méthodes statistiques sophistiquées pour justifier les bornes supérieure et inférieure des variables structurantes.
La méthode des « triplets » du projet M
ESH
(décrite page 245) constitue un exemple de cas où les trois variables du niveau 3 de la typologie E
UNIS
(substrat, profondeur et
tensions de cisaillement) sont combinées pour donner une idée générale de la répartition des habitats à l’échelle globale. L’approche des paysages marins est semblable, mais comprend une couche pour la pente, qui facilite la compréhension du rendu cartographique d’un point de vue physiographique.
Cartographie des habitats à échelle fine pour de petits territoires
À l’autre extrémité du spectre, un levé unique d’un petit territoire se fait généralement selon une approche fondée sur les données. Cette approche permet de prédire des
habitats définis de façon plus précise (p. ex. niveaux 4 et 5 de la typologie E
UNIS
), et la campagne de terrain est généralement plus détaillée. En particulier, des « signatures » sont créées à partir des couches physiques (en général des valeurs de réflectance acoustique ou dans le spectre électro-magnétique) en utilisant les données de terrain comme sites d’apprentissage. L’interprétation des données de chaque levé est propre à ce levé, et l’on ne tente pas d’en déduire des règles transférables à d’autres levés. La
classification supervisée d’images obtenues par télédétection constitue un exemple de cette stratégie, qui a été adoptée pour de nombreux levés. Un logiciel de SIG spécifique pour le traitement d’images est probablement nécessaire. Les images des sonars à balayage latéral permettent de distinguer un beaucoup plus petit ensemble d’habitats et peuvent être plus faciles à interpréter que dans le cas de grands territoires : leur
interprétation intermédiaire pour produire des cartes d’habitats physiques peut être courtcircuitée par l’interprétation directe des habitats biologiques.
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Schéma de l’approche de la cartographie à échelle fine
Cartographie des habitats à échelle intermédiaire
C’est à propos des cartes à échelle intermédiaire qu’il est le plus difficile de donner des conseils. Les données proviennent probablement de nombreux levés effectués dans le cadre d’une campagne de grande envergure ou de plusieurs campagnes différentes.
Certaines données peuvent être tirées directement des levés, alors que d’autres (par exemple sur les tensions de cisaillement) résultent de modèles mathématiques. Plusieurs stratégies sont possibles : (a) utilisation de techniques statistiques pour étudier les relations entre divers facteurs physiques et la biocénose, et de statistiques spatiales pour optimiser l’interpolation, surtout centrée sur des données ; (b) modèles à base de règles ou de connaissances. Des approches mixtes sont également possibles. L’approche statistique est plus facile à mettre en œuvre sur un seul type d’habitat (p. ex. bancs de moules) que sur toute la gamme des habitats présents dans un territoire. La seconde approche est semblable à celle que l’on adopte pour la cartographie à échelle très globale et est adaptée à la modélisation de la gamme des habitats présents. L’incorporation dans un tel modèle de statistiques centrées sur des données atténue la distinction entre les deux approches. Le recours accru à des modèles statistiques exige l’emploi de logiciels spécialisés de statistique et de mathématiques, et peut-être même de sous-programmes
écrits spécialement pour l’occasion.
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Schéma de l’approche de la cartographie à échelle intermédiaire
Les figures ci-dessous montrent un exemple de rendu cartographique à échelle
intermédiaire et à échelle globale. Sur la première, on voit une carte de probabilité (limite
de résolution de 250 m) des biocénoses macrobenthiques de la partie belge de la mer du
Nord, d’après un modèle statistique centré sur les données. Sur la seconde, on voit un extrait pour le même territoire de la carte de triplets du projet M
ESH
pour le niveau 3 de la
typologie E
UNIS
(limite de résolution de 1 mille marin). Les différences sont surtout visibles dans la zone côtière où la présence d’une biocénose macrobenthique est totalement ignorée dans l’approche à échelle globale.
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Exemple de rendu cartographique à échelle intermédiaire (en haut) et à échelle globale (en bas)

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