Sur la piste
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mammifères sauvages
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COLLECTION
L’AMATEUR DE NATURE
Sous la direction d’Alain Foucault, en partenariat avec le Muséum national d’Histoire naturelle
Adaptation maquette et mise en pages : Nord Compo
Maquette de couverture : Pierre-André Gualino
Illustrations intérieures : Delphine Zigoni
Photographies de couverture : Jeune renard roux
© natureimmortal-Fotolia.com, Raton laveur
© rabbit75-fot-Fotolia.com
© Dunod, 2015
5 rue Laromiguière, 75005 Paris www.dunod.com
ISBN 978-2-10-071438-4
ISSN 2117-6388
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Sommaire
Mode d’emploi ……………………………………… 4
À la découverte des mammifères sauvages 7
Où, quand et comment observer les mammifères ? …………………………………… 8
Comment détecter la présence des mammifères ? ………………………………… 18
Qu’est-ce qu’un mammifère ? ………………… 36
Les mammifères et l’homme …………………… 53
Comment identifier une espèce ? ……………… 62
Reconnaître les mammifères sauvages 89
Mammifères terrestres ………………………… 90
Mammifères volants …………………………… 168
Mammifères marins …………………………… 192
Carnet pratique …………………………………… 199
Index des espèces …………………………………205
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4
Mode d’emploi
Sur la piste des mammifères sauvages
Des explications scientifi ques
Des conseils pour réussir une excursion
18
Comment détecter la présence des mammifères ?
Les mammifères laissent derrière eux de nombreuses traces ! De l’empreinte aux noisettes rongées, en passant par les crottes, une multitude d’indices permettent de déceler la présence de ces animaux. Encore faut- il savoir où et comment les chercher. Les types d’indices
à trouver et les méthodes de prospection varient en fonction du groupe étudié : mammifères terrestres, volants ou marins.
Les mammifères terrestres
Les empreintes
Ce sont les indices les plus faciles à trouver. Pensez à regarder la piste, ou voie, (c’est- à- dire la série d’empreintes) dans sa globalité : vous obtiendrez des renseignements tels que
La reproduction
Les mammifères de nos régions et la plupart des espèces introduites possèdent un vrai placenta, dans lequel l’embryon effectue l’ensemble de son développement. Ce sont des euthériens. Le placenta assure de nombreuses fonctions dont les échanges nutritifs et respiratoires entre l’embryon et sa mère. Depuis peu, une espèce dépourvue de vrai placenta, originaire de l’Australie, a été introduite chez nous : le wallaby de Bennett. Les wallabies, tout comme les kangourous, sont des métathériens (ou marsupiaux).
Leur placenta est imparfait. L’embryon n’y effectue pas la totalité de son développement. La « mise bas » se produit avant le terme. Le fœtus doit alors grimper dans la fourrure de sa mère pour atteindre
Jeune phoque veau- marin
Chez les mammifères, la fécondation est interne. Celle- ci n’est parfois pas immédiate. Ainsi, la plupart des chauves- souris de nos régions, qui s’accouplent essentiellement en automne, stockent les spermatozoïdes dans une spermathèque et ne les libèrent qu’au printemps suivant : c’est la fécondation différée. Chez le chevreuil européen, la fécondation a bien lieu peu de temps après l’accouplement, mais la cellule qui en résulte, ou blastocyste, entre en diapause environ cinq mois avant
Petit rhinolophe femelle portant son petit qu’il ne s’implante dans l’utérus et que la gestation ne commence.
C’est l’implantation différée. D’autres mammifères, comme l’ours
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Une empreinte de lapin
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Le tableau suivant présente les principaux critères pour identifier une espèce. Cependant certaines espèces se ressemblent trop pour pouvoir être différenciées (notamment certaines musaraignes ou campagnols) et d’autres nécessitent une grande expertise pour voir les critères recherchés (comme les chauves- souris). Il est donc indispensable, dans de nombreux cas, de poursuivre sa recherche
à l’aide des guides d’identification existants, et dont nous nous sommes largement inspirés pour la rédaction des clés suivantes
(cf. carnet pratique).
Artiodactyles
Mammifères de grande taille • Nombre de doigts pair • Doigts se terminant par des sabots
Suidés/Porcins
Pas de cou distinct • Doigts 2 et 5 développés et touchant le sol • Nez transformé en groin
Vit à l’état sauvage
■ chez l’adulte
■
Pelage brun- noir
Canines développées chez le mâle (défense)
Domestiqué
■
Peau rosée ou noire avec des poils épars non développées
■
Canines
Sanglier Porc
65
Bovidés
Cou distinct • Doigts 2 et 5 peu développés et ne touchant pas toujours le sol • Tête munie de cornes chez les adultes
Cornes noires, fines et dont l’extrémité est courbée vers l’arrière
■
Masque noir sur les yeux
■
Chamois ou isard, selon la localisation géographique
Mâle portant des grandes cornes épaisses et courbées vers l’arrière
■
Petite tête avec un front bombé
■
Bouquetin
des Alpes ou ibérique, selon la localisation géographique
Isard
Bouquetin des Alpes
80
‡
Les empreintes
Le tableau suivant permet de différencier les empreintes des différents mammifères. Les chiroptères et les mammifères marins ne sont pas traités car non concernés par ce type d’indice. Certaines espèces ne sont pas différenciables via leurs empreintes (notamment les musaraignes). L’identification s’arrête parfois au genre voire
à la famille. De nombreux guides permettent d’aller plus loin sur ce sujet (cf. carnet pratique). Dans le tableau, L = longueur et l = largeur.
Empreintes de sabots
Deux sabots : les artiodactyles
Empreintes des sabots et généralement des deux gardes (c’est- à- dire des doigts postérieurs)
Sabot large et arrondi
Sanglier Porc
Absence généralement de l’empreinte des gardes
Petite taille (L : 5-7 cm, l : 3-4 cm)
■
Allongée et étroite
■
Pinces arrondies
■
Bords parallèles
Petite taille (L : 3-6 cm, l : 2,5-4 cm)
■
■
Allongée et étroite
Bords parallèles
■
Pinces pointues
Chamois ou Isard Chevreuil
Petite taille (L : 4,5-6 cm, l : 3,5-5 cm)
■
Allongée et assez large et écartées
■
Pinces pointues
Taille intermédiaire (L : 4-10 cm, l : 3-6 cm)
■
Massive, ovale
■
Pinces arrondies
Bords internes concaves
Mouton/Mouflon Chèvre/Bouquetin
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Une clé d’identifi cation des espèces
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Une clé d’identifi cation des indices de présence
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Reconnaître les mammifères sauvages
Lynx boréal
Lynx lynx
Belette
Mustela nivalis
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80-130 cm ; queue : 11-25 cm ; hauteur au garrot : 60-75 cm. 18-25 kg
Principalement dans les forêts de montagne (feuillus, résineux, mixtes), jusqu’à 4 000 m
France (Vosges, Jura et Alpes), Suisse
(Jura et Alpes). Absent de Belgique
Description
Le lynx a une petite tête arrondie portant des favoris (longs poils bordant la face). Les oreilles sont grandes et pourvues de pinceaux de poils noirs caractéristiques de ce genre. Les yeux sont jaunes. La queue est relativement courte et se fi ni par un manchon noir. Les pattes, digitigrades, sont puissantes et larges.
Le pelage varie du jaune roux au beige gris, et est plus ou moins tacheté de noir. Les taches sont plus facilement visibles sur les pattes que sur le dos. Le pelage du ventre est plus clair.
Biologie
Alimentation Carnivore (Ongulés).
Reproduction Maturité sexuelle atteinte vers 2 ans pour les femelles et 3 ans pour les mâles. Accouplement de février à avril.
La femelle met bas de 1 à 4 jeunes, après environ dix semaines de gestation. La mise bas se produit, en mai- juin, dans des gîtes de nature variée, mais non creusés par la femelle : trous sous des souches, dédales de roches, etc. Le sevrage débute au bout de deux mois et demi. Les jeunes s’émancipent vers 10 mois et partent à la recherche de leur territoire. Durée de vie : 10 à 20 ans.
Comportement Solitaires, mâle et femelle ne se rencontrent qu’au moment du rut. Le lynx chasse à l’affût, en s’approchant au plus près de sa proie pour pouvoir la capturer par surprise. Il tue essentiellement des proies qui pourront le nourrir durant plusieurs jours.
Montre- moi tes taches, je te dirai qui tu es !
Comme le phoque veau- marin et le phoque gris, les lynx ont des motifs sur le pelage propres
à chaque individu. En effet, la dimension et la forme des taches, ainsi que leur nombre, varient d’un individu à l’autre.
Il est alors possible, en comparant des photos, de reconnaître les différents individus d’une population.
14-30 cm ; queue : 3-13 cm. 35-130 g.
Taille de l’animal augmente à mesure que l’on va vers le sud
Ubiquiste, sa présence est inféodée à celle des campagnols. Jusqu’à 3 000 m
France, Belgique et Suisse
Description
Le plus petit des carnivores. Corps souple et longiligne lui permettant de visiter les galeries des campagnols (elle peut passer dans des trous de 15 mm de diamètre). Courtes oreilles arrondies. Tache brune sur les joues.
Queue assez courte. Petites pattes comptant
5 doigts. Pelage dorsal brun- roux et pelage ventral blanc. Démarcation irrégulière. Queue brun- roux. Dans le nord de l’Europe ou parfois dans les Alpes, le pelage peut devenir entièrement blanc en hiver.
Biologie
Alimentation Carnivore stricte (campagnols).
Reproduction Maturité sexuelle vers 4 mois.
Accouplement en mars- avril. Mise bas entre avril et septembre, après 35 jours de gestation, de 2 à 10 jeunes. Adapte sa reproduction à l’abondance de ses proies : lorsque les rongeurs pullulent, la belette donne naissance à deux portées tandis qu’elle peut ne pas se reproduire les années pauvres en campagnols. Les jeunes sont sevrés vers
3-4 semaines et s’émancipent vers 3 mois.
Durée de vie : 3 ans en moyenne.
Comportement Solitaires, le mâle et la femelle se rencontrent au moment du rut. La belette effectue de courts déplacements, séparés par des périodes de repos dans son gîte. Elle chasse les campagnols jusque dans leur terrier, qu’elle peut ensuite occuper pour se reposer.
Quand et où l’observer
Active toute la journée et toute l’année, bien qu’elle réduise son rythme en hiver.
La belette n’est pas très farouche, mais sa petite taille rend son observation diffi cile. On la verra plus facilement le long de haies ou dans des champs moissonnés, lieux propices pour les campagnols.
Famille Mustelidae
Belette ou hermine ?
La belette est plus petite, a une queue uniformément rousse et possède une tache brune sur la joue.
L’hermine possède une queue plus longue se finissant par un manchon noir, et la ligne de démarcation entre le pelage dorsal et le pelage ventral est toujours nette et rectiligne. Mais attention, le manteau hivernal blanc n’est pas réservé à l’hermine : il arrive en effet d’observer des belettes totalement blanches dans les Alpes.
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Les principaux critères d’identifi cation
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Des explications pour en savoir plus
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Des critères pour ne pas confondre les espèces
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Des références d’ouvrages, des adresses d’associations, de sites internet… pour vivre sa passion
Carnet pratique
Guides et ouvrages
‡
Quelques ouvrages de référence sur les mammifères
Guide Delachaux des traces d’animaux
, Olsen L.- H, Delachaux et
Niestlé, Paris, 276 p., 2013.
Guide des mammifères d’Europe
, d’Afrique du Nord et du Moyen- Orient,
Aulagnier S., Haffner P, Mitchell- Jones A. J., Moutou F. &
Zima J. Édition Delachaux et Niestlé. Paris. 271 p. 2010.
Mammifères – Identification
, Marchesi P., Blant M. et Capt S,
Fauna Helvetica 21-22, 289p., 2008.
Mammifères sauvages d’Europe
, Hainard R, Delachaux et Niestlé,
670 p., 2003.
‡
Ouvrage de référence sur les carnivores
L’encyclopédie des carnivores
de la Société française pour l’étude et la protection des mammifères.
‡
Quelques ouvrages de référence sur les rongeurs et autres petits mammifères
Les rongeurs de France – Faunistique et biologie
, Quéré J.- P. et
Le Louarn H, Édition Quae, Versailles, 311 p., 2011.
Les musaraignes, biologie, écologie
, répartition en Suisse, Lugon-
Moulin N., Éditions porte- plume, 420 p., 2003.
Clé d’identification « en main » des micromammifères de France
, Rigaux P. et Dupasquier C., SFEPM, Paris, 60 p., 2012.
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À la découverte des mammifères sauvages
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Où, quand et comment observer les mammifères ?
Un indice de présence, un souffle, un bruissement à la tombée de la nuit, et nous nous disons : la bête est là ! Peut- être même est- ce elle qui nous observe ? Mais, ne l’oublions pas, nous ne devons pas venir sur son territoire pour la voir à tout prix, au risque de la déranger, mais pour partager avec elle un instant de vie.
Avant de partir
Les mammifères sauvages de nos régions sont des animaux difficiles à observer. Peu enclins à croiser les hommes, la plupart s’éclipseront sans même que vous ayez perçu leur présence. Beaucoup aussi sont nocturnes. Mais si vous mettez toutes les chances de votre côté, en vous équipant correctement, en faisant preuve de patience, de discrétion et d’ingéniosité, ils vous procureront une des plus belles émotions que la nature puisse offrir. Parfois même, la simple observation d’une trace suffira à vous ravir.
‡
S’équiper
La façon de se vêtir dépend bien sûr de la météo et des milieux que l’on veut visiter. N’oubliez pas en particulier les
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bottes pour les promenades matinales après une nuit fraîche
(risque de rosée), un pantalon et un vêtement à manches longues pour les promenades ou les affûts crépusculaires et nocturnes à la belle saison (limite les piqûres de moustique).
Portez également des vêtements aux couleurs neutres afin d’être moins visible.
Check- list
– des jumelles ;
– un appareil photographique ;
– un guide d’identification ;
– un carnet et un crayon à papier ou un porte- mine ;
– la carte topographique du secteur visité ;
– un GPS pour noter les coordonnées de vos observations ;
– une règle ou un mètre déroulant ;
– une petite loupe ;
– des pochettes et des piluliers pour la récolte d’indices ;
– deux lampes, des piles et des ampoules de rechange.
En option
– un détecteur de cris ultrasoniques de chauves- souris
(sauf en hiver) ;
– une longue- vue et un trépied (pour les affûts) ;
– une tente affût. On en trouve aujourd’hui des légères, peu encombrantes et faciles à monter.
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Un conseil important
Si vous vous promenez en été dans des forêts où abondent les grands ongulés, les cerfs en particulier, remontez vos chaussettes sur les jambières de votre pantalon, ou bien portez des guêtres : vous limiterez ainsi les risques de récolter des tiques. Pensez à vous inspecter au retour.
Bien choisir sa paire de jumelles
Il faut privilégier des jumelles légères, peu encombrantes, lumineuses, car les rencontres sont souvent crépusculaires, et
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10 qui permettent une mise au point rapprochée (1,8 m) pour l’observation des micromammifères. Des jumelles qui grossissent huit ou dix fois suffisent largement. Au crépuscule, avec une très bonne paire de jumelles, vous serez même parfois
étonnés de constater que vous pouvez encore parfaitement distinguer les détails d’un animal alors que vos yeux seuls ne voient plus qu’une ombre, un peu comme si les jumelles amplifiaient la lumière.
Pourquoi un appareil photographique ?
Ne partez pas uniquement avec l’objectif de réaliser une excellente photographie d’un animal. Les observations furtives, lointaines, ou dans des conditions de luminosité difficiles, ce qui est souvent le cas, ne s’y prêtent pas. Vous aurez peut- être la chance de rencontrer un individu peu craintif ou distrait, et de rentrer de votre promenade avec un beau cliché. Mais la photographie opportuniste de mammifères est peu rentable dans nos régions. Il est en revanche tout à fait aisé de photographier les indices de présence. Le cliché d’une empreinte, par exemple, auprès de laquelle a été placée une règle, constitue un bon document pour une détermination ou une confirmation ultérieure. Pas besoin d’un appareil sophistiqué pour cela.
‡
Bien préparer sa sortie
Observer un mammifère n’est pas chose facile. Les rencontres peuvent se faire au hasard de vos promenades, mais vous augmenterez considérablement vos chances en préparant votre sortie. Il faut en particulier bien choisir le lieu et le moment.
Où les observer ?
Si vous recherchez un mammifère particulier, il faut tenir compte de son aire de répartition. L’habitat visité dépend également de l’animal convoité.
Pour les gros animaux, il est préférable de rechercher des zones dégagées qui permettent de les observer à distance (lisières, clairières). Même les espèces forestières fréquentent ces zones de transition, et sont plus faciles à voir qu’en sous- bois. Les lieux où les animaux viennent boire, comme les mares forestières, constituent également des endroits privilégiés pour des affûts.
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L’observation attentive d’une clairière peut réserver de belles surprises, comme ce loup gris
Certaines chauves- souris peuvent être observées lorsqu’elles quittent leur gîte (cavités souterraines, bâtiments). Elles apprécient aussi les plans d’eau, les lampadaires… Elles sont plus difficiles à voir en forêt. Vous pouvez repérer certains de ces endroits sur les cartes ou sur les photos aériennes aujourd’hui disponibles sur Internet, et ainsi prévoir votre parcours ou votre lieu d’affût.
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Grand murin en chasse
Quand les observer ?
Les moments de la journée
C’est au crépuscule ou à l’aube que vous aurez le plus de chance de voir les mammifères en pleine activité, au moment où les bêtes du jour et de la nuit se croisent. Certaines espèces de chauves- souris ne sortent toutefois qu’une fois la nuit tombée.
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En revanche, les mammifères marins, comme les phoques ou certains ongulés de montagne (chamois, bouquetins, etc.), s’observent très bien en pleine journée.
Les saisons
Dans notre région, on peut voir des mammifères terrestres toute l’année. Aucune espèce n’est totalement migratrice, même si certains individus le sont localement. C’est différent pour certains mammifères marins qui quittent nos eaux en hiver ou s’éloignent des côtes une partie de l’année.
Quelques espèces hibernent dans des lieux inaccessibles. Inutile donc de les rechercher en hiver. D’autres sont au contraire plus actives au printemps ou en automne : vous trouverez toutes les informations nécessaires dans les fiches de description des espèces.
À propos de la météo
Les mammifères sont assez peu sensibles aux conditions météorologiques du moment, sauf les plus extrêmes. Lors d’une journée légèrement pluvieuse, les petits mammifères sortiront peut- être de leur gîte pour croquer quelques escargots ou autres invertébrés que l’humidité du sol aura fait remonter à la surface.
En revanche, quand la pluie est battante, les animaux font comme nous : ils se mettent à l’abri et ne bougent plus ! Ils feront de même si la chaleur est écrasante. La météo influe surtout sur les conditions d’observation. Vous aurez donc toujours intérêt
à consulter la météo la veille de votre sortie.
Observer les mammifères
‡
L’approche
Soyez discret et astucieux
Lorsque l’on recherche des mammifères, il faut toujours se déplacer silencieusement, sans mouvement brusque et, si possible, à contre vent. Certaines espèces n’ont pas une bonne vue, et marcher le long d’une lisière ou sur le bord du chemin forestier, plutôt qu’au milieu, permettra de moins se faire remarquer.
Si vous avez la chance de croiser un animal, immobilisez- vous et accroupissez- vous lentement. Si le vent est avec vous
(c’est- à- dire face à vous), vous aurez peut- être la surprise de le voir s’approcher car, curieux, il voudra identifier cette étrange forme qui s’invite sur son territoire.
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Cerf élaphe intrigué par l’observateur
Sachez écouter
Au cours de votre progression, arrêtez- vous régulièrement pour regarder si un animal n’est pas sur votre route. Cette pause est aussi l’occasion d’écouter les bruits de la nature. L’un deux vous indiquera peut- être qu’un mammifère se déplace dans le sous- bois.
N’oubliez pas les abris
Vous pouvez aussi soulever des morceaux de bois, qu’il faudra bien remettre en place, sous lesquels peuvent se cacher des micromammifères. Attention toutefois aux vipères qui peuvent également s’y trouver. Un coup de lampe rapide dans un trou d’arbre ou sous une souche peut aussi vous apporter une belle surprise.
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Jeunes martres des pins dans leur gîte
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Cherchez les indices de présence
Sur le chemin, vous pouvez également chercher des indices de présence (voir le chapitre « Comment détecter la présence des mammifères », p. 18). L’un d’eux, tout frais, vous apprendra peut- être que l’animal est tout proche, et vous donnera l’occasion de l’observer.
‡
L’affût
La technique de l’affût consiste à se poster en un lieu et à attendre l’animal. Elle nécessite de bien connaître les lieux et les habitudes des animaux pour éviter d’attendre inutilement.
Après plusieurs tentatives infructueuses et de longues attentes, la satisfaction de voir enfin évoluer des animaux en toute quiétude à quelques dizaines de mètres de soi est immense.
On risque beaucoup moins de leur faire peur que lorsqu’on tente de les approcher.
Choisir son point d’affût
L’affût convient à l’observation de beaucoup d’espèces, y compris les plus petites (micromammifères, chauves- souris), que vous pourrez attendre à la sortie de leurs terriers, de leurs nids ou de leurs gîtes. Néanmoins, il ne faut pas perturber leurs allées et venues. Pour cela, il faut se poster à la distance adéquate.
Il faut bien sûr tenir compte des conditions de visibilité et du sens du vent avant de choisir son point d’affût. Si celui- ci se fait à faible distance de l’animal convoité (un renard roux ou un blaireau européen à la sortie de son terrier par exemple), vous aurez tout intérêt à prendre un peu de hauteur dans un arbre pour limiter encore les risques que l’animal vous sente.
Se dissimuler
Il n’est nul besoin de construire une cabane. Si toutefois le cœur vous en dit, il faudra alors vérifier que vous êtes dans un endroit où cela est autorisé. Une solution alternative est d’apporter avec soi une tente affût pliable. La plupart du temps, il suffit de s’asseoir contre le tronc d’un arbre ou contre un rocher, à l’ombre et si possible caché par un peu de végétation pour gommer sa silhouette.
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Choisir le moment propice
Il est important d’arriver suffisamment tôt pour être en place quand l’animal sera susceptible d’apparaître. Une demi- heure avant le coucher du soleil (et donc une heure avant l’obscurité) est un bon choix pour les animaux crépusculaires et nocturnes, y compris les chauves- souris.
Hamster à l’entrée de son terrier
S’armer de patience
Quand les animaux se présentent devant l’affût, vous aurez alors peut- être l’impression de ne plus être un intrus. Mais c’est une fausse impression. La moindre erreur peut vous faire repérer et votre vigilance ne doit pas faiblir. Après avoir eu la patience d’attendre la venue des animaux, il faut aussi avoir celle d’attendre leur départ avant de quitter les lieux.
À l’affût des mammifères marins
Il peut paraître surprenant de traiter les mammifères marins dans un paragraphe consacré aux affûts. Toutefois, il est parfois possible de les observer depuis un point haut de la côte. Les falaises du nord de la France ou celles de Corse s’y prêtent bien.
Bien sûr, dans ce cas, les précautions à prendre sont moindres car il n’est pas nécessaire de se fondre dans le paysage. La chance joue certainement toujours un peu pour les baleines et les dauphins car, même si l’on connaît un secteur fréquenté, ces animaux sont très mobiles. On peut parfois s’aider des oiseaux marins.
Un grand nombre d’entre eux en train de pêcher indique la présence d’un banc de poissons. Celui- ci aura peut- être également attiré des dauphins. Les phoques sont plus casaniers et chassent souvent dans les mêmes secteurs.
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‡
Observer sans déranger
Ne réveillez pas les chauves- souris
L’approche des chauves- souris est particulièrement délicate.
Il est toujours préférable d’être accompagné d’une personne les connaissant bien. Elle saura comment les observer sans les déranger. Une intrusion inopinée dans un gîte de reproduction
(grenier, combles, cavité souterraine) provoque généralement un mouvement de panique. Les espèces occupant des espaces
étroits, comme des fentes entre des poutres ou des fissures, se contenteront de s’enfoncer le plus profondément possible dans ceux- ci. Mais celles qui se suspendent au plafond s’envoleront dans tous les sens. Outre le stress provoqué par de tels dérangements, la perte d’un jeune par sa mère n’est pas à exclure. Si vous connaissez de tels gîtes, le mieux est donc de renoncer à y pénétrer sans une bonne raison. La visite d’un gîte d’hiver (grotte, galerie, mine, cave, etc.) est a priori moins problématique si les animaux dorment profondément. Mais, là encore, l’approche doit se faire avec beaucoup de précaution et silencieusement. Les arrêts pour observer les chauves- souris que vous y trouverez doivent être courts pour limiter les risques de réveil. Éclairez les animaux le moins longtemps possible, et évitez de les photographier. Gardez en mémoire que les chauves- souris ne partent quasi jamais en chasse durant l’hiver.
La seule énergie dont elles disposent durant cette période est celle provenant de la graisse stockée pendant la belle saison.
Dormir est la meilleure façon de l’économiser, tout réveil entamant leurs réserves et diminuant leurs chances de survie.
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Colonie de reproduction de petits rhinolophes
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