REMERCIEMENTS. InsightShare vidéo participative
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A nos filles Delilah Mae Grâce et Anais Esmey Joy
REMERCIEMENTS
J’ai été ravi d’avoir été invité à écrire ce manuel alors que j'entre dans ma dixième année en tant que praticien de la vidéo participative. Au titre de coordonnateur de la rédaction du présent ouvrage, j’aimerais remercier mon frère Chris LUNCH pour sa contribution. Il a compilé les premiers manuels de formation desquels j’ai tiré la majorité des instructions et des leçons proposées pour utilisation dans ce manuel.
Nous avons écrit conjointement, au cours des années récentes, la plupart des documents retraçant le processus de développement de la vidéo participative par
InsightShare. Chris et moi travaillons ensemble depuis 1999 et j'ai profondément apprécié l’énergie et le zèle qu’il a déployés en faveur du processus de la vidéo participative, ainsi que la clarté dont il a fait preuve quant à notre rôle spécifique dans la promotion et la diffusion de cette pratique. C’est, je le perçois, un grand privilège de travailler si étroitement avec un proche parent sur un projet de long terme qui nous tient tant à coeur. Nous exprimons tous les deux notre profonde gratitude à nos familles pour leur soutien et leur patience.
J'aimerais remercier les participants à nos projets menés dans différentes régions du monde, dont le nombre doit aujourd’hui approcher le millier, pour avoir appris avec nous, pour leur concentration et leurs efforts déterminés, et par-dessus tout, pour nous avoir permis de faire partie de leurs vies.
Les stagiaires locaux de plusieurs formations sur la vidéo participative, réalisées au
Ghana, en Inde, au Royaume-Uni et en Hongrie de 2003 à 2005, ont apporté leur contribution à ce manuel au moyen des enregistrements des leçons apprises et des instructions sur la manière de conduire les "jeux clés". InsightShare organise désormais plusieurs formations intensives de formateurs à la vidéo participative tout au long de l'année (voir annexe 1).
Je suis honoré et reconnaissant d’avoir gagné le soutien, pour produire ce manuel, de plusieurs réseaux et institutions exemplaires. Avoir travaillé avec PROLINNOVA,
Compas et l'Institut d'Études du Développement (Institute of Development Studies,
IDS) au cours des deux dernières années a apporté une valeur ajoutée à notre pratique de la vidéo participative et cette expérience nous a rendus capables de proposer des formations rigoureuses à la vidéo participative et d’offrir une expertise certaine (voir annexe 6, Information sur les Partenaires). Je remercie particulièrement Sammy MUSYOKI et Laura CORNISH (IDS), Miranda VERBURG et
Ann WATERS-BAYER (PROLINNOVA) ainsi que Wim HIEMSTRA (Compas) pour les remarques utiles apportées au brouillon de ce manuel.
Merci à Stephen HANCOCK pour ses apports stylistiques et sa correction des
épreuves. Mes remerciements autant que mon admiration vont à Ishka MICHOCKA
(Lumpy Lemon) pour ses capacités de créativité et de soutien qui ont complété ses aptitudes mises au service de la conception générale du présent guide.
Les photographies sont de Grant DAVIDSON, Nick et Chris LUNCH, Adam MARVELL,
Claire MESSENGER et Michael TUMMINS. Les dessins sont de Paul VERNON.
La commande ainsi que le financement initial de ce manuel sont issus du programme de microfinancement (Small Grants Project division – SGP) du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) du Programme des Nations Unies pour le
Développement (PNUD). Nos remerciements vont à Terence HAY-EDIE, responsable des Programmes sur la Biodiversité, pour son franc et chaleureux soutien au long des six derniers mois. L'intérêt de la SGP pour utiliser la vidéo participative comme moyen d’atteindre les communautés indigènes et marginalisées a été inspiré par le travail vidéo d’Avi MAHANINGTYAS (FEM-SGP, Indonésie) et par Stanislav KIM, coordonnateur national SGP pour le Kazakhstan.
Enfin, nous remercions chaleureusement les volontaires qui ont soutenu
InsightShare au cours de ses années de structuration comme organisation, ainsi que The Staples Trust, The Polden Puckham Foundation et The Flora Familly
Foundation pour avoir fourni le si nécessaire financement de base. Sans vous tous,
InsightShare n'existerait pas.
Nick Lunch, autor principal
Oxford, janvier 2006
Conception et mise en page par Ishka Michocka @ Lumpy Lemon (www.lumpylemon.co.uk)
Nous remercions Regine Pakeujou, Michel Ruez, Thierry Pelletier et Geneviève Dassier-Barbian pour leur travail de traduction et d'adaptation en Français de ce texte.
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NOTE DE L'AUTEUR
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Introduction
Ce manuel est un guide pratique pour mettre en place et développer des projets de vidéo participative (VP) n'importe où dans le monde. Il a été écrit pour toute personne qui souhaite animer des projets de vidéo participative.
La vidéo participative est un outil permettant un changement social réel, un moyen d’émancipation pour les personnes marginalisées et un processus qui encourage les individus et les communautés à prendre leur destin en main.
Bien qu’elle soit utilisée depuis plus d’une trentaine d’années, la vidéo participative connaît un regain d’intérêt actuellement. Ce manuel est le résultat d’un travail de praticiens et non d’universitaires. Nous pensons qu'il propagera encore davantage l’intérêt pour la vidéo participative, clarifiera son mode opératoire, suggèrera des applications et, nous l’espérons, encouragera d’autres personnes à l’utiliser et à la développer.
Nous pensons qu'avant de commencer à utiliser cet outil, les animateurs de vidéo participative ont besoin de connaître et d’expérimenter les processus de développement personnel et de groupe, et d’être sensibilisés aux défis et problèmes auxquels font face les populations vulnérables ou marginalisées. La vidéo participative ne produit pas des miracles – considérée isolement, elle a un impact relatif. Parfois, les projets échouent à apporter le changement potentiel qui était espéré. Le défi consiste à savoir replacer la vidéo participative dans un cadre plus large. Comme tout processus participatif, la vidéo participative présente de nombreux pièges. Il est trop facile de soulever l’espoir de populations pour voir ensuite leurs rêves et leurs idées n’aboutir à rien. Le manque de transparence, le manque de suivi, de même que des promesses non tenues ou déraisonnables ne mènent qu’à la désillusion. Il est
également dangereux d'utiliser la vidéo participative pour apporter une
"valeur ajoutée" à des projets de développement en surexploitant l'approche participative. Se contenter de mettre des caméras en main ne consiste pas à faire de la vidéo participative, et le faire en dehors de toute structure peut causer de grands dégâts. Ce manuel a pour but d’aider l'utilisateur à en déléguer le contrôle et à animer un authentique processus participatif.
Organisation du manuel
Les parties 1 et 2 décrivent les éléments fondamentaux de la vidéo participative : ce qu’elle est, son histoire, pourquoi l'utiliser, comment mettre en place et conduire un projet depuis le début, les jeux clés et activités que nous utilisons dans les projets ainsi qu’un guide succinct pour effectuer le montage des prises de vues. La partie 3 met en évidence, pour l’animateur de vidéo participative, les éléments essentiels du processus et de l’éthique participative. La partie 4 fournit des conseils techniques ainsi qu’une liste d’équipements nécessaires.
La partie 5 présente l’expérience des auteurs dans l’application de la vidéo participative à une gamme variée d’objectifs : de la résolution des conflits au partage de l’innovation ; de la défense d’intérêts aux enquêtes et consultations locales ; de la recherche participative à l'exploration thérapeutique. Les annexes regroupent des notes personnelles relatives à des projets de vidéo participative afin de mieux illustrer comment elle fonctionne sur le terrain ; les activités de formation d’InsightShare sont décrites et une section décrit le travail passionnant des partenaires qui ont apporté leur soutien à la publication de ce manuel ; pour ceux qui souhaitent aller plus
Notre premier projet de film
était au Kazakhstan en
1994. Comme des réalisateurs de film autodidactes nous avons pris plaisir à donner la camera aux participants même avant de leur enseigner comment utiliser les techniques de la VP.
Aujourd’hui, nous nous considérons comme des facilitateurs plutôt que des réalisateurs.
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avant dans leur découverte de la vidéo participative et savoir comment d’autres groupes la pratique, une section de références bibliographiques renvoie à des livres, sites web et articles sur la vidéo participative et ses thèmes apparentés.
Nous utilisons des dessins pour communiquer l'importance de l'attitude et du comportement à adopter par l’animateur, si fondamentaux pour une bonne pratique de la vidéo participative, laquelle utilise davantage la vidéo comme un outil et un processus que comme un produit fini.
Déléguer le contrôle est essentiel, et pourtant cela peut être beaucoup plus difficile en pratique qu’on peut le penser. Pour cette raison, nous considérons la
Partie 3 comme le cœur de ce manuel, car elle se concentre sur l’éthique de la vidéo participative et fournit des conseils détaillés aux animateurs qui se préparent à lancer leurs propres ateliers de formation. Enfin, les photographies et citations de personnes impliquées dans les projets d’InsightShare fournissent au lecteur un lien avec les réalités du travail de terrain.
Introduire la VP dans un groupe ou une communauté est une assistance, et comme telle comporte de grandes responsabilités (voir Partie
Trois, Éthiques).
Réflexions personnelles
La vidéo est un media très souple et immédiat. Quel autre moyen d’enregistrement capture l’art, la poésie, le théâtre, la musique, le témoignage personnel, ou les histoires racontées … avec cette dimension humaine directe – ce contact face-à-face ? Donald SNOWDEN, un pionnier des premières heures de la vidéo participative, décrit ses expériences de projection de messages vidéo, réalisés par des communautés de pêcheurs de l’Île Fogo à Terre-Neuve, à des
6 publics variés, y compris d'autres communautés de pêcheurs et des responsables politiques : "la compréhension visuelle pour les spectateurs est si réelle que dans la mémoire des individus, longtemps après l'événement, le media de la vidéo pourrait être oublié. Les gens pourront penser avoir effectivement rencontré les personnes, alors qu’ils n’auront fait que les voir et les écouter sur la vidéo" (voir Annexe 7, Références bibliographiques).
Dans le monde moderne, avec nos économies et cultures globalisées et interdépendantes, il est devenu plus important pour les gens ordinaires d’être entendus au-dessus de la cacophonie des messages médiatiques manipulés issus de la culture dominante. Pendant ce temps, la puissante minorité est peut-être plus difficile à atteindre que jamais auparavant.
Les décideurs sont souvent coupés des réalités, contraints et surchargés par la bureaucratie. Ce manuel vise à inspirer et encourager d’autres personnes à développer davantage le potentiel de la vidéo participative comme passerelle pour relier les populations avec les organisations et les gouvernements centraux. Au fil de plusieurs décennies, les praticiens de la vidéo participative
à travers le monde ont montré son importance en tant qu’outil pour renforcer la société civile, et nous espérons que ce manuel, qui met l'accent sur les enseignements pratiques, rendra la vidéo participative plus accessible aux nouveaux arrivants qui souhaitent l'essayer pour eux-mêmes.
A l’évidence cependant, l’introduction de la vidéo et de la télévision comme moyens de communication pour des communautés isolées ne va pas sans présenter de grands dangers. Travailler avec ce media "artificiel" et
"occidental" peut causer des dégâts en renforçant le mythe dominant de la supériorité culturelle du monde "développé", avec des personnes extérieures qui apportent et utilisent des équipements "magiques" ou des outils étrangers qui sont au-delà des moyens qu’offrent les ressources locales. L’utilisation de la vidéo participative exige beaucoup de soin et de préparation, de sensibilité et de sensibilisation. La vidéo participative n’est pas l’astrophysique, mais c'est un processus subtil qui a nécessité à l’évidence de nombreuses années de pratique avant d’en avoir la maîtrise.
Notre enthousiasme pour cet outil repose sur les expériences personnelles récurrentes de la puissance de ce processus sur le terrain, que ce soit dans les déserts du Mali, les forêts montagneuses du Pakistan ou les lotissements sociaux d'Oxford au Royaume-Uni : les gens parlant avec leur cœur, étant
écoutés, se sentant compris. Nous continuerons toujours à apprendre, et nous prévoyions d’apprendre à partir de vos expériences autant que par nos propres efforts continus. Comme la vidéo participative, ce manuel est un processus
évolutif et nous vous invitons chaleureusement, vous l'utilisateur, à nous faire part de vos remarques afin que nous puissions faire paraître une édition révisée et améliorée.
Ce manuel est maintenant entre vos mains. Merci de garder votre esprit ouvert, de rester flexible, d’être créatif et prêts à apprendre de vos erreurs.
Pardessus tout, nous vous souhaitons beaucoup de plaisir !
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1.1 Ladakh, 2004
PARTIE I
LA VIDEO PARTICIPATIVE
EN UN CLIN D’ŒIL
"Le principal résultat fut la fierté ressentie par les gens qui ont été impliqués" .
Kay Aspery,
Directeur de la Santé
Mentale Centre de soin,
Oxford, Royaume-Uni
"En tant qu’outil de démocratie, la VP est l’un des plus importants que j'ai vus jusque là ".
Adrian Arbib, militant de l’environnement,
Royaume-Uni
Qu’est-ce que la video participative ?
La vidéo participative est un ensemble de techniques visant à impliquer un groupe humain afin qu’il façonne et crée son propre film. L'idée sous-jacente est que la réalisation d’une vidéo est facile et accessible, et qu’elle constitue un excellent moyen d’amener les gens à explorer ensemble les enjeux, exprimer leurs préoccupations ou tout simplement être créatif et raconter des histoires.
Ce processus peut être très puissant, permettant à un groupe ou une communauté de prendre des mesures pour résoudre ses propres problèmes mais
également de communiquer ses besoins et idées aux décideurs et/ou à d’autres groupes et communautés. En tant que telle, la vidéo participative peut être un outil très efficace pour mobiliser et impliquer les populations marginalisées et les aider à mettre en œuvre leurs propres formes de développement durable basé sur les besoins locaux.
En quoi la video participative diffère-t-elle des films documentaires ?
Bien qu'il existe des modes de réalisation de films documentaires qui sont en mesure de représenter la réalité de la vie de leurs sujets avec sensibilité, voire d'en exprimer les préoccupations, les films documentaires restent avant tout les produits des réalisateurs de documentaires eux-mêmes.
De ce fait, les sujets des documentaires ont rarement leur mot à dire (ou lorsqu’ils l’ont, c’est de façon limitée) sur la manière dont ils seront finalement représentés. Par contre, dans la vidéo participative, les sujets font leur propre film dont ils peuvent façonner le contenu d'après leur propre conception de ce qui est important, et ils peuvent également contrôler la manière dont ils seront représentés. En outre, les films documentaires sont souvent censés répondre à des normes esthétiques strictes et sont
10 généralement conçus dans l’idée d’une diffusion auprès d’un large public. A l’inverse, le processus de la vidéo participative est moins préoccupé par les apparences que par le contenu, et les films sont généralement réalisés pour des publics spécifiques et avec des objectifs ciblés.
Quelles sont les origines de la video participative ?
Les premières expériences de vidéo participative sont probablement l’œuvre de
Don Snowden, un Canadien qui a innové avec l'idée d'utiliser les médias pour permettre une approche de développement communautaire centrée sur la population. L’expérimentation a eu lieu en 1967 sur l’île Fogo au large de la côte Est de Terre-Neuve, avec une petite communauté de pêcheurs. En regardant les films les uns des autres, les différents peuplements de l’île ont réalisé qu'ils partageaient les mêmes problèmes et qu'ils pourraient résoudre certains d’entre eux en travaillant ensemble. Les films ont également été diffusés auprès des décideurs politiques, qui vivaient loin et étaient trop occupés pour venir visiter l'île. A la suite de ce dialogue, des politiques et actions gouvernementales ont été modifiées. Les techniques développées par
Snowden sont désormais connues sous le nom de « processus de Fogo ».
Snowden a ensuite appliqué le processus de Fogo dans le monde entier jusqu'à sa mort en Inde en 1984.
Depuis lors, il n'y a pas eu de mouvement uniforme de promotion et de pratique de la vidéo participative, mais plutôt des expériences isolées menées par divers groupes et individus, généralement réalisées pour répondre à leurs situations et besoins particuliers. La pratique de la vidéo participative s’est aussi grandement développée avec l'accessibilité croissante aux équipements vidéo. Voir Annexe 7, Références, pour des liens d’informations sur d’autres pionniers de la vidéo participative.
1.2 Andra Padresh, 2005.
"Produire un travail de bonne qualité, faite par eux-mêmes a amélioré leur confiance en eux.
Ceci leur a permis de passer de l'isolement et de la marginalisation à une grande estime de soi.
La personne désengagée s’est engagée. Elle a laissé en héritage un témoignage d’implication."
Alison Leverett-Morris, travaillant avec les arts dans La santé mentale,
Royaume-Uni
Comment se sont répandues les methodes de la video participative ?
La vidéo participative est utilisée dans le monde entier et a été appliquée dans des situations très différentes, du plaidoyer pour permettre une plus grande participation dans des projets de développement, à la fourniture d’un environnement thérapeutique et communicatif pour les handicapés mentaux ou les handicapés moteur. Les méthodes varient d’un praticien à l’autre, les uns choisissant de garder le processus plus ouvert, d’autres préférant guider
"La VP donne la parole au public. C'est l’émancipation en vue de l’action sur les interrogations de la communauté ."
Bernie Hartman, participant aux projets de la VP à Oxford,
Royaume-Uni
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"Le meilleur exemple du travail de développement communautaire que j'ai vu dans ce pays " .
L'Ambassadeur britannique au Turkménistan 2004, sur Perspicacité est Solaire
Le Projet du pouvoir davantage les sujets, ou même manier la caméra eux-mêmes. Il n'y a pas de méthode rigide dans l’application de la vidéo participative, autre que celle qui implique que le groupe en soit lui-même l’auteur et qu’elle soit menée de manière effectivement participative et démocratique. Cette souplesse permet à la vidéo participative d'être appliquée à de nombreuses situations différentes.
COMMENT MARCHE LA VIDEO
PARTICIPATIVE ?
"La VP réussit à faire parler les gens plus que les techniques traditionnelles le font " .
Celia Jones,
Responsable de la
Planification, Oxford,
Royaume-Uni
Succinctement, la video participative pratiquee par insightshare fonctionne ainsi :
• Rapidement, les participants (hommes, femmes et jeunes) apprennent comment utiliser le matériel vidéo à travers des jeux et des exercices.
• Les Animateurs aident les groupes à identifier et analyser les questions importantes dans leur communauté en adaptant une gamme d’outils du type de ceux de la MARP (Méthode Accélérée de Recherche Participative) aux techniques de la vidéo participative (par exemple, la cartographie sociale, la recherche action, la priorisation, etc. Voir « Chambers » en Annexe 7,
Références).
• Des vidéos et messages courts sont mis en scène et filmés par les participants.
• Les prises de vue sont montrées à toute la communauté au cours des projections quotidiennes.
• Un processus dynamique d’apprentissage, de partage et d’échange mené par la communauté est mis en marche.
• Les films complets peuvent être utilisés pour inciter à la prise de conscience et aux échanges entre plusieurs groupes cibles. InsightShare a travaillé avec des bergers, des paysans, des communautés marginalisées et des jeunes en milieu rural ou urbain, des enfants de la rue, des réfugiés et des demandeurs d'asile, des personnes ayant des problèmes mentaux, des difficultés d’apprentissage ou des incapacités physiques (voir partie 5, Études de Cas).
• Les films et messages vidéo de vidéo participative peuvent être utilisés pour renforcer à la fois la communication horizontale (par exemple, communiquer avec d’autres communautés) et la communication verticale (par exemple, communiquer avec les décideurs).
Pourquoi utiliser la video participative ?
La vidéo participative utilisée de cette façon devient un moyen puissant pour documenter les expériences des populations locales, et exprimer les besoins et espoirs nés de leurs propres perspectives de développement. Elle initie un
12 processus d'analyse et de changement qui célèbre la connaissance et la pratique locales, tout en stimulant la créativité à la fois au sein et au-delà de la communauté. Lorsqu’elle est bien pratiquée, la vidéo participative présente de manière vivante une " vue intérieure " accessible à tous les niveaux de la population. Tous les membres de la communauté ont un égal accès au processus. Toutes les voix sont exprimées et entendues. La vidéo est un moyen transportable, facile à reproduire et facile à partager ; elle induit, de ce fait, un important effet de propagation. La vidéo participative donne une voix et un visage à ceux qui ne sont généralement pas entendus ou vus, même dans les programmes participatifs axés sur l’identification des innovations locales et l’accroissement du développement endogène.
Ici, nous introduisons des avantages spécifiques liés à l'utilisation de la vidéo participative et la façon dont InsightShare et ses partenaires projettent de les obtenir :
« Endogène signifie ‘’s’accroissant de l’intérieur’’. Le développement endogène est un développement basé sur les ressources, les stratégies et les valeurs propres aux populations ».
Voir la description du Programme Compas page 118
Potentiel de la vidéo participative dans la promotion de l'innovation locale et du développement endogène
La vidéo participative est un outil doté d’un grand potentiel pour stimuler des processus d'innovations locales. Les populations locales peuvent capturer sur film ce qu'elles font elles mêmes pour améliorer leur situation. Cela peut servir comme base de réflexion en termes de capacités et conceptions internes au sein de la communauté. Le processus même consistant à faire un film ensemble offre une opportunité pour un échange d’idées créatif. Il incite les membres de la communauté à « visualiser » ce qu'ils font actuellement et leur permet d’envisager conjointement comment ils peuvent mieux faire les choses. Ce processus peut renforcer les liens entre les membres de la communauté et les aider à développer un consensus. En outre, le processus lui-même aussi bien que les produits obtenus (courts métrages) peuvent donner aux agents de développement et aux chercheurs conventionnels les moyens de mieux comprendre la dynamique des savoirs autochtones, ainsi que les aspirations locales et les concepts de bien-être. InsightShare, PROLINNOVA et Compas (voir l'Annexe 6, Partenaires) sont intéressés à tester et développer cette approche.
Communication horizontale et verticale
Les films qui résultent du processus de la vidéo participative peuvent
également être utilisés dans les échanges entre communautés pour diffuser, encourager et inspirer des idées. Ils peuvent même être pertinents pour des communautés d’autres pays ayant des conditions et des problèmes similaires.
La vidéo participative peut par conséquent rehausser la capacité des peuples
"Nous ne sommes pas des experts de la vidéo, mais nous savons de quoi nous parlons " .
Rachel, 11 ans, participante au projet de
Soulagement du Cancer,
Royaume-Uni
"Après que les actions de la vidéo aient commencé, la VP a été un souffle d'air frais pour notre organisation. Tout le monde a été surpris par son effet profond. Il a aidé des gens à se relaxer, à participer et à aider et aussi à informer ceux qui écoutaient. La vidéo est un moyen très relaxant d'obtenir l'information " .
Megan Lokko, travaillant avec les gens ayant des incapacités d’instruction à Oxford,
Royaume-Uni,
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"InsightShare a clairement prouvé le besoin d’impliquer directement les bénéficiaires pour obtenir des résultats réalistes durables à partir d’un financement minimum. Les résultats sont remarquablement
évidents aujourd'hui et ont procuré le stimulus nécessaire pour les amendements de nos futures plans d’action dans le secteur " .
M.Wilson,
Coordinateur TACIS et
Conseiller de l’UE au
Conseil des Ministres du
Turkménistan
à partager leurs connaissances et innovations locales sur de longues distances et aider à stimuler le développement local mené dans d’autres pays. Les films peuvent être utilisés pour communiquer la situation et les idées des populations locales aux agents de développement et chercheurs conventionnels, ainsi qu’aux décideurs et aux responsables politiques, par exemple ceux qui traitent des questions foncières, de marketing, d’éducation, de recherche et de développement rural (voir étude de cas NORMA, page 87).
Éducation visuelle
Dans beaucoup de régions éloignées du monde où les niveaux d'alphabétisation sont bas, la documentation visuelle des innovations locales
à travers la vidéo participative fournit un matériel sous une forme facilement compréhensible.
Ceci donne un avantage certain à la vidéo participative par rapport à la documentation écrite sur l'innovation locale. Le PMF FEM (Programme de
Microfinancements du Fonds pour l’Environnement Mondial, page 117) est intéressé par l’utilisation de la vidéo participative pour augmenter son portefeuille de projets avec des communautés autochtones marginalisées. Cela suppose d’appliquer les techniques de la vidéo participative pour aider des communautés illettrées ou semi-alphabétisées à élaborer des propositions de vidéo, aussi bien que d’utiliser la vidéo pour faire le suivi, documenter et
évaluer des projets, ou encore de partager les connaissances acquises à travers le réseau mondial.
Information
La vidéo participative est particulièrement utile parce qu’elle permet de donner à des groupes marginalisés au sein d’une communauté - les femmes par exemple - et à des communautés marginalisées - les nomades par exemple
- un moyen de ‘’montrer et parler’’ de leur situation, de leurs défis et de leurs exploits avec leurs propres mots et leurs propres images.
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Que peut offrir la video participative ?
En résumé, nous utilisons cette technique parce que :
La vidéo participative attire : la vidéo est un outil technologique captivant qui donne des résultats immédiats.
La vidéo participative renforce : un processus participatif rigoureux mais amusant donnant aux participants le contrôle sur le projet.
La vidéo participative clarifie : les participants trouvent leurs voix et se concentrent sur les préoccupations locales.
La vidéo participative amplifie : les participants échangent avec d’autres collectivités, y compris les décideurs.
La vidéo participative catalyse : les participants deviennent une communauté qui mène des actions supplémentaires.
La vidéo participative est inclusive et flexible : InsightShare a travaillé avec un grand éventail de groupes au Royaume-Uni et à l’international.
La vidéo participative est accessible : les résultats, les préoccupations et les histoires vivantes sont capturés sur vidéo par les communautés elles-mêmes ; les projets peuvent être documentés et évalués ; les informations et décisions politiques peuvent également être transférées en retour à la communauté par le biais de la vidéo participative.
La vidéo participative développe des compétences et des attitudes positives : les aptitudes développées incluent une bonne capacité à travailler en groupe, la capacité d’écoute, la construction de l’estime de soi et des techniques de motivation ; les projets de vidéo participative incitent à une meilleure prise de conscience des communautés, de leur identité et de leur place ; la vidéo participative développe un rôle actif des participants dans l’amélioration de leur qualité de vie.
La vidéo participative dissémine les bonnes pratiques : de nombreuses initiatives et suggestions marquantes peuvent être fixées sur vidéo par les personnes directement impliquées, à moindre coût et efficacement, puis être partagées à travers le pays et même au-delà ; les responsables politiques peuvent être profondément sensibles aux histoires fortes et aux images prises
à travers ce moyen par les populations de base.
1.3 Oxford, Royaume-Uni
« Avoir une compréhension plus large des questions auxquelles font face les pauvres et les personnes vulnérables est toujours utile pour une organisation donatrice œuvrant pour la diminution de la pauvreté.
L’utilisation d’un média visuel donne une image plus forte des questions de changement auxquelles font face les bergers. L'approche était bénéfique pour les personnes impliquées dans le film et le message était plus fort parce qu'il a donné la parole à ceux qui sont trop facilement muselés par la communauté. Une de ses forces
était qu’il était capable de réunir plusieurs messages différents provenant d’une communauté donnée et de fournir un message clair qui devait être entendu par l'Akimat (chef de région) » .
Jeremy Horner, Administrateur professionnel associé, Département pour le Développement International
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Goulots d’etranglement possibles lors de la mise en
œuvre de la video participative
Lorsque vous commencez votre pratique de la vidéo participative, nous pensons qu’il est important de prendre en compte les obstacles potentiels suivants :
• L'organisation n'est pas convaincue de la valeur de la vidéo participative.
• Il n’y a pas de personnel motivé qui croit en la force de la vidéo participative ou ayant le désir de devenir des animateurs de la vidéo participative.
• L'organisation et/ou le bailleur de fonds ne vise pas l’émancipation et la participation du groupe cible.
• L'organisation manque de stratégie de communication ou est ignorante de l'importance des formes de communication participative.
• Incertitude sur la façon de gérer le manque de matériel ou les problèmes techniques.
• Manque de temps pour éditer le métrage, et manque de compétence pour élaborer le projet pilote.
• Manque de compétences pour mettre en œuvre le projet pilote de la vidéo participative.
• Être limité quand le formateur s’en va ou quand le manuel n’a pas réponse à ma question.
• Il n'y a pas de budget alloué pour (la location) du matériel ou pour accorder le temps nécessaire à la vidéo participative.
PARTIE 2:
PROCESSUS DE LA VIDÉO
PARTICIPATIVE
2.1 Newcastle, Royaume-Uni, 2005
"Le processus lui-même est important parce qu'il renforce la confiance et confère l’autorité. La vidéo participative place les gens dans la situation du conducteur et leur offre d’autres perspectives que les perspectives habituelles, ce qui permet de trouver de meilleures solutions du fait de moindres malentendus."
Jo Rowlands, Programme de lutte contre la pauvreté d’Oxfam, ROYAUME-UNI
ELABORATION D’UN
PROJET DE VIDEO
PARTICIPATIVE
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1. Se préparer pour la vidéo participative
En supposant qu’il y ait un désir dans votre organisation d’enclencher la vidéo participative, nous vous suggérons de lire ce manuel et d’en discuter avec les collègues. Visionnez des exemples de vidéo participative - quelques-uns sont disponibles sur le CD-ROM qui accompagne ce manuel, et beaucoup d’exemples de projets cités dans ce manuel peuvent être consultés sur internet : www.InsightShare.org/watch/all Se procurer le matériel requis (voir annexe 5,
Inventaire du Matériel), qu’il soit loué ou acheté. Demandez-vous si la vidéo participative est la meilleure approche pour mener votre projet (voir les goulots d’étranglements possibles, page 15). Si vous vous sentez convaincu par les méthodes mais que vous faites encore face à des oppositions, vous pouvez juste essayer et prouver ainsi aux sceptiques que ça fonctionne ! Vous pouvez opter pour la solution qui consiste à engager un réalisateur professionnel de vidéo (comme pour les films de mariage), ou bien agir comme conseiller technique auprès de la communauté, ou encore faire le tournage vous-même. Nous ne recommandons pas cette dernière option pour les raisons exposées dans les parties 1 et 3 de ce manuel. Si vous êtes sûr de l'utilisation de la vidéo participative et d’avoir compris et appréhendé les goulots d’étranglements, entendez-vous avec vos collègues et partenaires sur un atelier ou une formation pour introduire la vidéo participative et explorer les projets pilotes possibles.
2. Faire une visite préalable
Une visite préalable du site pour discuter du processus de la vidéo participative et de la logistique avec les représentants de la communauté est utile quand c’est possible. L'autorisation pour visiter et travailler avec une communauté doit être reçue avant toute planification, et cela peut être fait à travers un intermédiaire de confiance tel qu'une ONG locale ou un représentant. Nous pensons indispensable un partenariat avec des organisations locales qui partagent notre philosophie de l’approche participative (voir partie 3). Les questions que nous posons : quel est le meilleur moment pour rendre visite ? Qui rencontrer à l'arrivée, à savoir les leaders et les anciens de la communauté, et qui inviter à la réunion avec la communauté ? Où cette réunion peut-elle se tenir ? Que devronsnous y apporter (par exemple notre propre nourriture et nos tentes) ? Combien de temps devons-nous rester ?
3. Faire quelques recherches
Trouver tout ce que vous pouvez au sujet de la situation locale, à travers une recherche d’informations dans les bases de données écologiques, anthropologiques et géographiques - souvent disponibles dans les Plans d'Actions nationaux et locaux en faveur de la Biodiversité, sur les sites web et dans les rapports d’ONG. Cependant, de notre point de vue, l'approche qui fonctionne mieux est de garder un esprit ouvert, d’utiliser l'intuition, de parler à toutes sortes de personnes au niveau de la base, de regarder et d’écouter. N'espérez pas tout savoir lorsque vous arrivez. Il est possible que les informations officielles rassemblées sur une communauté marginale ou un endroit soient fausses ou biaisées.
4.Élaborer les objectifs de l’équipe
Utiliser les jeux clés et les approches décrites dans la partie 2 avec l’équipe d’animateurs (animateurs,
2.2 Audora Paradesh, 2005
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2.3 Tíbet, China 2004
20 guides, traducteurs, stagiaires) avant d’arriver sur le terrain. Veillez à renforcer le sentiment d'équipe et à
établir une bonne compréhension des méthodes et de la philosophie de la vidéo participative. Discuter de l’éthique, des objectifs et des intentions spécifiques à ce projet, ainsi que du processus de la vidéo participative en général. Elaborer ensemble un contrat de groupe.
5. Se procurer le matériel
Louer ou emprunter le matériel peut être possible auprès des ONG locales, des universités, ou des sociétés cinématographiques. Il est préférable de budgétiser et d’acheter son propre matériel spécifiquement pour l’usage de la vidéo participative afin d’être libre de le donner aux communautés concernées
(Annexe 5, Inventaire du matériel).
6. Vérifier le matériel
Vérifier que le matériel fonctionne et que vous avez assez de batteries de réserve et un (ou des) moyen(s) sûr(s) pour les recharger.
7. L’arrivée sur le site
Organiser une réunion avec un petit groupe de leaders et d’anciens de la communauté locale pour créer de bonnes relations, montrer du respect et bâtir la confiance. Expliquer votre rôle ; décrire le processus pas à pas et expliquer l'intention de votre visite. Expliquer le thème ou même l’objectif précis s’il y en a un - être transparent au sujet du programme ! Discuter des questions de propriété et s’accorder sur les procédures à suivre pour l’usage de toute documentation prise ; obtenir un accord préalable et avisé. Souvent, les retours sont plus positifs après que les gens aient manié la caméra euxmêmes. Animer quelques-uns des jeux clés de la vidéo participative décrits dans ce manuel.
8. Soyez sensible
Prendre le temps nécessaire pour vous adapter à la culture locale et au rythme de vie. Évaluer l’état d’esprit régnant au sein de la communauté ; rechercher tous
événements récents ou plus lointains qui ont pu conduire à l'état d’esprit actuel.
Le deuxième jour, ou selon ce qui aura été convenu avec les chefs de la communauté, diriger les premiers ateliers en utilisant les jeux de la vidéo participative (décrits en partie 2). Assurez-vous que vous travaillez avec divers membres de la communauté : hommes, femmes, anciens et enfants. Insister sur le fait que ces exercices ne sont que des jeux pour apprendre. Transférer les compétences et bâtir la confiance à tous les niveaux pour vous assurer que la diversité des préoccupations, intérêts et engagements au sein de la communauté concernée seront entendus et pris en compte dans le processus de réalisation du film.
9. Soyez flexible
Adapter la vitesse de travail en fonction des circonstances. Les gens peuvent être très occupés ; certains groupes voudront y consacrer plus de temps que d'autres.
Etre flexible et essayer de travailler au rythme des participants.
10. Projetez le tournage du jour
Faire cette projection le jour même. Projetez d’abord aux seuls participants puis
élargissez à l’ensemble de la communauté. Regarder des images de soi-même peut
être une expérience enrichissante (voir page 46). Bien qu’informelles et souvent remplies de rires, les discussions stimulées par les projections peuvent bénéficier au processus de la vidéo participative.
Elles révèlent souvent des questions sensibles, qui peuvent influencer l’efficacité des activités proposées. Organiser des mini-projections au domicile des gens et impliquer activement les personnes marginalisées aussi bien que les chefs et ceux qui sont déjà des porte-parole. C'est un processus fluide qui exige quelques jours supplémentaires et peut être facilité par la disponibilité de deux caméras et de deux animateurs stagiaires locaux (un homme et une femme).
L’avis des animateurs stagiaires
Elaboration d’un projet
• Planifier vos objectifs avec soin et les rédiger. • Connaître les normes culturelles. • Préparer l’interprète au cadre général de son intervention.
• Cadrer avec la réalité. • Si on vous oppose un refus, donnez une autre chance en laissant la porte ouverte. • Soyez amical, souriez, soyez vous même, soyez ouvert. • Expliquez vos objectifs de manière simple (dans ce cas
: pour s'amuser, pour créer un document historique, pour partager leurs expériences et connaissances). Points-clés développés par des stagiaires de
InsightShare en Hongrie.
Les objectifs de la video participative
• Permettre à une communauté de montrer ses réalisations.
• Montrer aux villageois que nous avons besoin d'apprendre d'eux.
• Aider les gens à exprimer leurs sentiments et leurs connaissances.
• Augmenter la prise de conscience que les individus ont sur le contrôle de leurs propres destinées.
• Responsabiliser.
Formation de InsightShare au Ghana avec PROLINNOVA et Compas, 2004
21
MISE EN ROUTE : LES
JEUX CLÉS DE LA VP
UTILISÉS PAR
INSIGHTSHARE
2.4 : Tíbet, China, 2004
22
"La projection immédiate des images offre des retours immédiats qui renforcent le processus réflectif parmi les enfants et les adultes."
Gillian Chowns, technicien en soins palliatifs, coordonnant le projet Cancer Relief, 2003
Les jeux décrits dans cette section utilisent la caméra vidéo pour développer des aptitudes suivantes : comment travailler en groupe de manière constructive, comment écouter les autres et comment communiquer clairement son expérience.
Les instructions ont été adaptées des notes prises par les stagiaires sur la manière d’élaborer et de guider les jeux. Il s’agit ici d’un résumé des conseils et leçons retenus, rassemblés au cours de plusieurs formations sur la vidéo participative dispensées par InsightShare au Royaume-Uni, en Asie et en
Afrique. Affiner ces méthodes pour les utiliser dans l’émancipation des individus, des groupes et des communautés a nécessité presque vingt années d'expériences accumulées. Même si ces jeux paraissent simples, de nombreux détails permettent de faire en sorte qu’ils génèrent la confiance plutôt que la défiance.
Rappel : amusez-vous, n'ayez pas peur de déléguer le contrôle de même, soyez adaptable et créatif !
Nous faisons tous des erreurs - c'est comme cela que nous apprenons.
Nous souhaitons remercier Clive
Robertson et Jackie Shaw, auteurs de quelques-uns de ces jeux et de beaucoup d'autres idées pratiques présentées dans leur livre ‘’La Vidéo
Participative’’ (voir Annexe 7,
Références).
1/ LE JEU DU NOM
Les etapes
1. Tout le monde s'assied en cercle ; il est souhaitable que toutes les personnes présentes participent à l'exercice. L’animateur y participe également.
2. Présenter la caméra dans sa sacoche et laisser le groupe la déballer. L’animateur ne doit pas reprendre la caméra en main tant que ce n’est pas à son tour de filmer.
3. Enseigner les éléments suivants à la Personne A (quiconque s'assied à côté de vous) : comment tenir une caméra ; comment l’allumer et l’éteindre ; où se trouve le bouton d’enregistrement/pause. Il est important que les personnes le fassent elles-mêmes. Continuez à observer l’ensemble du groupe pour vous assurer que tout le monde est attentif.
4. Expliquer au groupe que le son est capturé aussi bien que l'image. Demander à la Personne B de brancher le microphone (mic) et montrer comment le tenir au niveau de l'abdomen et le pointer vers la bouche.
5. Demander à la Personne A d’ouvrir l'écran de visée sur le côté et d’enlever le couvercle de la lentille. Montrer (mimer) comment tenir la caméra avec la main gauche à plat sous le corps de l'appareil et le coude gauche calé contre la poitrine pour la stabilité (voir l’image 2.5 ci-dessous). Laisser le premier participant le montrer avec la caméra. Même si les participants sont timides, ils s’inspireront de votre enthousiasme et auront vite la conviction qu'ils peuvent le faire.
6. Dire au groupe que les parties les plus fragiles d'une caméra sont la lentille et l'écran - expliquez qu'ils sont comme l'œil humain et peuvent être endommagés par les doigts et la saleté. Ainsi, le couvercle de la lentille doit être remis et l'écran fermé lorsque la caméra n'est pas utilisée. Merci de noter que cette instruction est la seule instruction “à ne pas faire” que vous devriez donner. À ce stade de début du processus, l’animateur doit montrer une totale confiance dans le groupe. Laisser les personnes manier la caméra sans tourner autour d'elles nerveusement (voir l’image 2.12) !
7. Demander à la Personne A d’essayer de faire un zoom avant puis arrière – demandez-lui de cadrer uniquement la tête et les épaules de la personne qui est assise en face d’elle. Ensuite, ayant établi un contact visuel direct, elle est supposée demander à la personne située en face si elle est prête. Noter que donner ces consignes ne doit pas prendre trop de temps –
LES OBJECTIFS : rbrise la glace; introduit l’équipement; apprentissage par l'expérience; céder le contrôle; rendre les participants égaux devant la caméra; vaincre la peur d'utiliser la camera.
NOMBRES : 3 +
LA DURÉE : 20-30 min
MATÉRIEL: la camera vidéo, le microphone, le Moniteur TÉLÉ, les speakers, un câble
électrique audio visuel
(AV) pour connecter la camera à la TÉLÉ.
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CD
CD-ROM,
“Training film” l’objectif étant de passer rapidement au tournage. Moteur !
8. La Personne A filme la personne située en face. Cette dernière tient le microphone, dit son nom et une phrase ou deux à son sujet, par exemple quelque chose qui la passionne, ou une chose amusante ou même banale comme ce qu'elle a mangé au petit déjeuner…
9. Après avoir filmé, la Personne A passe la caméra à la personne qui est assise à côté d'elle (par exemple dans le sens des aiguilles d'une montre) et la personne qui a parlé passe le microphone à la personne située à côté d'elle - le processus est répété jusqu'à ce que tout le monde dans le cercle ait eu la possibilité de filmer et de parler, y compris l’animateur.
10. Au moment de transmettre la caméra à la personne suivante, le participant
(plutôt que l’animateur) explique comment l'utiliser.
11. Quand tout le monde a filmé (y compris l’animateur), demander à une Personne
C de rembobiner la bande, de connecter les câbles au moniteur et de repasser immédiatement les images au groupe. C’est maintenant que l’apprentissage commence !
Points importants a retenir
• Préférer des consignes simples et brèves – rien de trop technique.
Aller droit vers l'action.
• Jauger la dynamique du groupe et la laisser déterminer le rythme de l'activité. Par exemple, si les gens sont nerveux, passez rapidement à l’utilisation de la caméra pour ‘’briser la glace’’.
• Les messages filmés doivent rester très courts.
• Prendre du temps pour échanger sur les images avec le groupe après qu’il les aient visionnées pour la première fois. Il est important de savoir que les gens réagissent différemment en se voyant sur l'écran pour la première fois. Cela peut leur paraître étrange, embarrassant, drôle, voire merveilleux pour certains d’entre eux.
• En regardant les images, garder
à l’esprit quel enseignement technique pourrait être tiré de l'expérience. Dans la discussion, essayer de faire ressortir les apprentissages par les participants eux-mêmes.
2.6 Tíbet, China 2004
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Qu'est-ce qui est appris ?
• Comment utiliser une caméra ; les positions marche/arrêt ; les positions enregistrement/pause ; tenir la caméra ; cadrer une prise de vue ; enregistrer un son; avoir de l’assurance avec la caméra.
• La personne qui tient la caméra détient le pouvoir et la responsabilité ! Elle doit vérifier que tout est calme et prêt avant de filmer, et s’assurer que la personne qui va parler est prête.
• Apprendre par expérience : par exemple, nous ressentons tous l’effet que cela fait d’être placé face à la caméra, donc nous y devenons tous plus sensibles.
• Il s’agit d’un brise-glace - nous apprenons au sujet les uns des autres au sein d’un groupe. Tous les participants sont focalisés sur une tâche commune et expérimentent des émotions semblables au fur et à mesure que le jeu progresse.
• La relation entre l’animateur et le groupe est équilibrée ; aussi, la dynamique de groupe est équilibrée en terme de pouvoir.
• Toutes les compétences techniques importantes sont apprises par les membres du groupe eux-mêmes.
• Tout ce qui peut être appris et accompli avec ce simple jeu est remarquable, en terme d’apprentissage technique comme dans la construction d’une dynamique de groupe.
25
"Les gens ne se sentent pas nécessairement à l’aise d’être filmés et de se voir sur l'écran pendant le playback. Ceci est compréhensible mais doit
être reconnu et discuté avec le groupe ".
Participant à la formation de InsightShare à
Newcastle au ROYAUME-
UNI, avril 2005, organisé avec PEANUT, Université de Northumbrie
LES OBJECTIFS : amusez-vous; bâtissez le groupe; apprenez comment enregistrer et pauser.
LES NOMBRES : 3 +
LA DURÉE : 10-20 min.
MATÉRIEL : la camera vidéo, le Moniteur
TÉLÉ, trépied, un câble électrique audio visuel (AV).
2/ LE JEU DE LA DISPARITION
Les etapes
1. Tous les participants se mettent en groupe comme s’ils posaient pour une photo.
2. Une Personne A filme et demande aux autres de se tenir silencieuses et immobiles comme des statues. Essayer d'être amusant (Exemple : prendre des positions drôles).
3. La Personne A appuie sur le bouton et compte jusqu’à trois (enregistrement pendant trois secondes). Si la caméra ou le trépied bouge, même légèrement, la farce sera ratée. Apprenez à presser doucement le bouton d’enregistrement, plutôt que de l’écraser.
4. La Personne A demande qu’une personne quitte le groupe - souvenez-vous que les autres ne doivent surtout pas bouger.
5. Ceux qui sont sortis du groupe peuvent filmer à leur tour. La personne qui a filmé avant eux peut leur enseigner.
6. Quand la dernière personne est sortie, filmer l'espace vide pendant cinq secondes.
7. Ensuite, visionnez le film immédiatement. Passez-le, rembobinez-le, passez-le en accéléré (en avant et en arrière) et faites rire le groupe. Il semblera que les gens apparaissent et disparaissent comme par magie.
CD
CD-ROM
“Training film”
Points importants a retenir
“Le danger est que les prises de vue soient trop longues ; si tel est le cas, les gens perdrons de l’intérêt ; le trépied ne doit pas bouger ; et si le groupe est très important, faites sortir plusieurs personnes à chaque fois et choisissez une personne pour presser le bouton d’enregistrement.”
Qu'est-ce qui est appris?
“Les avantages du jeu de cachecache : c'est un jeu amusant, il enseigne comment effectuer un enregistrement puis mettre sur pause ; il permet de s’assurer que tout le monde possède cette aptitude fondamentale. Il montre la magie de la vidéo, et sa capacité à manipuler le temps et
à jouer avec la réalité.”
Cité par les participants à la formation sur la vidéo participative de InsightShare au Ghana, organisée avec Compas et Prolinnova en décembre 2004
2.8 Ghana, 2004
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3/ TOUR EN CADRE
Les etapes
1. Installer un téléviseur et le connecter à la caméra (fixée sur un trépied) avec un câble audiovisel, afin qu'une image puisse être vue sur le téléviseur en temps réel.
Baissez le volume pour éviter les effets de feedback électrique bruyants et tournez l'écran hors de la vue des participants.
2. Dessinez un cercle sur du papier ou au sol et divisez-le en quatre quarts. Chaque quart représente une partie différente du corps (nous utilisons les pieds, les oreilles, les mains, les yeux). Utilisez une bouteille couchée sur le côté comme pivot et la faire tourner au centre du cercle jusqu'à ce qu'elle pointe sur une partie du corps. Utilisez un dé pour déterminer combien de fois cette partie du corps doit
être représentée dans l’image cadrée. Répéter trois fois pour chaque participant.
3. L’animateur pointe la caméra dans une direction donnée et la verrouille dans cette position en serrant le trépied. Changez l’angle de la caméra pour chaque participant.
4. Chacun anime à tour de rôle. L’animateur se place à côté de la TV et demande aux autres de prendre diverses positions (par exemple, "bougez un peu votre main, le pied un peu plus bas, j'ai besoin d'une autre oreille… maintenant immobilisez-vous").
5. Lorsqu’on est satisfait de ce que toutes les parties nécessaires du corps sont visibles dans le cadre, l’animateur enregistre une prise de vue de cinq secondes.
6. Répéter pour tous les participants.
7. Rembobinez les prises de vue et regardez-les ensemble pour juger si elles sont réussies.
LES OBJECTIFS : enregistrer, s’amuser; comprendre le cadrage; pratiquer les directives.
LES NOMBRES : 4 +
LA DURÉE : 20-30 min
MATÉRIEL : une bouteille/quelque chose pour tournoyer, quelque chose pour dessiner dessus, un dé, une camera, une
TÉLÉ, un trépied, un câble électrique audio visuel (AV).
Points importants a retenir
• Pointer la caméra vers le haut ou vers le bas pour accroître la difficulté.
• Ce jeu peut ne pas être approprié pour certains groupes car il implique beaucoup de contacts physiques entre les participants
Qu'est-ce qui est appris ?
• Ce jeu aide à créer la confiance et l’intimité au sein du groupe.
• Il apprend aux participants à cadrer et voir à travers "l’œil" de la caméra.
• Chaque personne expérimente le défi de diriger un groupe de personnes pour qu’elles prennent des positions spécifiques.
• Utiliser des angles de prise de vue inhabituels.
• Comprendre comment la TV et la caméra sont reliées par le câble
AV principal.
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LES OBJECTIFS : développer la confiance des participants et le contrôle sur le processus; bâtir les aptitudes des travaux en groupe; partager les rôles; apprendre à raconter une histoire avec des images.
LES NOMBRES : 3 +
LA DURÉE : 1-3 heures
MATÉRIEL : quelque chose pour dessiner dessus, une camera vidéo, une TÉLÉ, un trépied, un microphone, un câble électrique audio visuel (AV).
4/ TECHNIQUE DU STORYBOARD
Les etapes
1. Parlez aux participants - trouvez quelle histoire ils aimeraient raconter.
Vous pouvez utiliser des activités créatives pour stimuler des idées si nécessaire, si le temps le permet (voir page 38). Demandez-leur "Sur quel sujet aimeriez-vous faire un petit film ?". Créer la confiance, encourager et faire l’éloge de leurs idées.
2. Dessinez 4 à 6 vignettes.
3. Demandez "Comment introduiriez-vous votre histoire ?". Dessinez un croquis dans la première vignette. Faites une image simple (personnages sous forme de traits, esquisse rapide, éviter les détails).
4. Continuez rapidement avec l’ébauche de l’histoire ; essayez d'amener les participants à dessiner eux-mêmes dans les vignettes. Assurez-vous que tout le monde est impliqué (voir l'image 2.9).
5. A la fin, revenez en arrière et rajoutez des précisions (par vignette) :
"Qui parle ici ?"
"Qui filme cette prise de vue ?"
"Où est-ce que vous la filmerez ?"
6. Félicitez les participants.
7. Le groupe va maintenant filmer les prises de vue dans l’ordre établi par le storyboard. Expliquez que chaque prise de vue est importante. Par conséquent, la personne qui manipule la caméra ne commence à enregistrer que lorsque tout le monde est prêt.
Points importants a retenir : elaboration du storyboard
• Prononcez souvent des mots d’encouragement.
• Écoutez plus, parlez moins.
• Soulignez le fait que chacun a une histoire à raconter et a le droit d'être écouté.
• Se mettre d’accord sur le thème principal ou l’histoire avant de commencer le storyboard.
2.9 Ladakh, India 2004
28
• L’animateur peut dessiner le storyboard si les participants ne sont pas confiants, mais il doit s’assurer que ce sont eux qui mènent l'activité.
• Soyez sensible à faire participer tout le monde afin que chacun ait la chance de s’impliquer.
• Éviter technique. le jargon
• Laissez-les conserver le storyboard comme point de référence lorsqu’ils filment. Il est également très utile de s’y référer quand le processus est interrompu. Mais faites attention à ce qu'ils n'utilisent pas le storyboard comme un scénario, qui serait constamment regardé pendant le tournage. Encouragez-les à être flexibles !
• Faites progresser rapidement le tournage et l'action. Ils pourront toujours refaire certaines parties après la première projection.
• L'exercice doit rester simple.
• Laissez le groupe s’approprier l'histoire ; n'instruisez ou ne suggérez pas. Encouragez les participants à réfléchir à ce qu’ils veulent exactement communiquer dans chaque scène et encouragezles à être concis.
• Il est judicieux de leur faire expliquer leur storyboard à d’autres et de recueillir leurs réactions ou de les impliquer.
2.10 Ladakh, India 2004
“Parfois, je trouve qu’il est préférable de ne pas parler directement de faire un film mais plutôt de bavarder et de permettre ainsi à des histoires d’émerger. J'essaie d'impliquer davantage de personnes dans la tâche de conception du storyboard – des gens qui sont liés à l'histoire, ou des gens qui en sont proches. Par exemple, je demande à d'autres personnes proches : quel est votre rôle dans tout ceci… les femmes, et les enfants, ou d’autres parents…et les voisins. Est-ce qu'il y a d’autres personnages importants concernés ?
J'essaie de les impliquer dans le processus d’élaboration du storyboard ou de les y inclure par une interview dans une vignette. Cette méthode peut bien marcher avec une seule personne ou avec un très grand groupe. Avec plus de huit personnes, il sera préférable de laisser les participants se diviser eux-mêmes en plusieurs groupes pour travailler sur des thèmes ou des histoires différentes.”
Chris Lunch, à propos de l’utilisation de la méthode du storyboard sur le terrain
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Points importants a retenir : tournage du storyboard
• Rappeler au groupe que chacun doit montrer de l’enthousiasme pour faire des prises de vues mais aussi pour se relayer et partager les rôles.
• La personne qui fait une prise de vue en est responsable, et est appelée le Directeur de cette prise de vue. Il/elle est chargé de capturer l'essence ou la signification de la vignette du storyboard assignée à ce Directeur particulier. Eviter que l’enthousiasme de certaines personnes dominantes ne les pousse
à vouloir prendre le contrôle du tournage de la totalité du storyboard (voir page XX).
• Il peut être bénéfique que l’animateur donne une limite à la durée de chaque prise de vue ou à la durée totale du film (par exemple 1 minute par vignette du storyboard).
• Voir la partie 4, Procédés techniques, pour de plus amples informations, par exemple sur le montage.
Qu'est-ce qui est appris ?
• Un storyboard aide à réunir des idées, des points de vue, des méthodes et des expériences différents dans une même histoire autour d'un thème commun. Il peut aider à bâtir un consensus.
• Il aide les gens à communiquer des idées et des sentiments d’une manière visuellement intéressante, dans des lieux et avec des présentateurs différents.
• Il aide à comprendre comment structurer une histoire de façon visuelle (avec un début, un milieu et une fin).
• Il aide à vous faire penser à inclure tout le monde.
“L’animateur doit faire attention à ne pas manipuler l'histoire, à ne pas permettre que sa façon culturellement spécifique de raconter prenne le dessus. Quelques personnes peuvent penser que dessiner des images est puéril – expliquez-leur que les dessins leur sont bénéfiques, qu’ils les aideront à comprendre la situation et à se souvenir de toutes les bonnes idées. Tenir un stylo pouvant être difficile pour certaines personnes, l’animateur pourra dessiner des images pour eux. Certains participants peuvent avoir besoin de davantage de temps pour comprendre pourquoi le fait de raconter une histoire, qui leur parait évidente, peut présenter un quelconque bénéfice pour les autres. Parfois, les participants réalisent la totalité du film d’une seule traite, en ne pensant pas à marquer un arrêt entre les vignettes/scènes. Planifier et filmer peut prendre beaucoup de temps. Essayez de garder les choses en mouvement pour maintenir l'intérêt, faites une partie du tournage en cours un autre jour si nécessaire. L'histoire peut devenir très longue. Il est préférable de la découper en tronçons plus faciles à mettre en oeuvre.”
Dangers/écueils -Extraits de l'évaluation des stagiaires au Ghana, 2004
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2.12 Facilitador; pierda el control
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